Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/895

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

religieuse, les catholiques Cornélius, Veit et Steinle ; c’est son romantisme qui, dès 1810, l’amenait, tout jeune encore, à passer trois nuits blanches sur des croquis de la gothique cathédrale de Cologne, et qui s’en allait solennellement, en 1822, sous les voûtes gothiques de Marienburg, réveiller les ombres délaissées des chevaliers Teutoniques et porter un toast à la restauration du vieil édifice national ; et son romantisme, enfin, vers 1830, cimentait entre lui et le catholique Radowitz la plus confiante et la plus fidèle amitié. Avant que les événemens de 1848 n’amenassent Radowitz au premier plan, la carrière politique et littéraire de ce personnage s’encadrait entre deux écrits, dont l’un, de 1834, a trait à l’iconographie des saints, et dont l’autre, de 1846, a trait aux devises et légendes du moyen âge : le supraterrestre et l’archaïsme, voilà les régions, éminemment romantiques, où s’exaltait avec piété la noble imagination de Radowitz, arbitre, peu de temps après, des prochaines destinées allemande ». Le roi de Prusse et son futur ministre, malgré la différence de leurs Credo, s’entendaient à merveille pour introduire, dans la religion comme dans la politique, un parfum d’archéologie.

Ce fut un beau jour de fête que le 4 septembre 1842 : le Hohenzollern « évangélique » vint solennellement à la cathédrale de Cologne, posa la première pierre du portail méridional, et donna le branle, ainsi, à l’achèvement de l’édifice, œuvre cinquantenaire, qui n’aura son terme qu’en 1881. Quarante ans de songes romantiques recevaient, ce jour-là, leur consécration. « En son état d’inachèvement, en ses décombres, en son délaissement, avait écrit Goerres en 1814, la cathédrale de Cologne est une image de l’Allemagne depuis la confusion des langues et des pensées ; qu’elle devienne donc un symbole de l’Empire que nous voulons édifier. » Goerres, en 1842, élevait de nouveau la voix : il comparait la basilique de Strasbourg et celle de Cologne ; la première, pour lui, résumait « l’histoire entière de l’Allemagne, telle qu’elle s’est effectivement réalisée en tous ses momens ; » la seconde, au contraire, était à ses yeux « la représentation épique et symbolique de ce devenir qui hantait l’esprit des vieux maîtres politiques et qui se fût réalisé si le mauvais ennemi n’était survenu, messager de discorde. » La reprise des travaux annonçait aux imaginations allemandes la préparation de ce « devenir : » Sulpice Boisserée, qui, depuis un demi-siècle, se