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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/121

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tamoul qui se vendent à Madras, mais d’après une lecture plus ancienne. Je n’ai pu m’en procurer sur les lieux. Avant donc de partir pour Genji, j’ai fait traduire littéralement l’édition vulgaire par l’excellent Singaravélou, attaché à la bibliothèque de Pondichéry. Singaravélou est un homme de caste, instruit et bienveillant, dont la famille abonde en renseignemens sur le Coromandel et le Carnate. Je suis trop heureux de lui témoigner ma reconnaissance pour le dévouement qu’il apporta à m’instruira sur mainte particularité de l’histoire de l’Inde dravidienne...

Après les invocations d’usage aux dieux, la ballade débute par l’apparition du cheval divin que le Mogol de Delhi devait offrir par la suite à Desing Rajah et qui fut la cause des malheurs de son maître. Plus d’un million de Richis sont rassemblés pour l’œuvre de pénitence au pied du grand mont Mérou. Le bruit de leurs prières parvient jusqu’au Kaïlassa, paradis de Çiva et jusqu’au Vaïkoundam, paradis de Vichnou. Entre tous ces saints, un musulman se faisait remarquer par la rigueur de ses mortifications, quand, se dirigeant vers lui avec une merveilleuse vitesse, un cheval apparut. Tout dans ce coursier à la robe dorée annonçait la nature divine. C’était un Barassari, un étalon céleste. Le pieux musulman n’eut pas sitôt vu cet être surnaturel qu’il courut à sa rencontre. Et le Barassari hennit au Musulman du pays de Coorg. Le saint tendit un filet magique et la bête s’y laissa prendre.

Le fakir choisit alors quatre mille cavaliers, parmi les meilleurs, pour l’accompagner à Delhi, car il avait résolu d’offrir en présent le cheval du ciel à l’Empereur. On entre dans Delhi ; mais le Barassari, frémissant dans ses entraves de fer, pousse des hennissemens formidables. Ils ébranlent les palais et les maisons. Et la plupart des habitans de Delhi en tombèrent sur le sol, sans mouvement et sans voix...

L’histoire se traîne ainsi jusqu’à l’arrivée du père de Desing Rajah à la Cour Je Delhi. La ballade l’appelle Terani Maharajah, mais son nom véritable est Sarup-Sing, et ce radjpoute fut, en effet, gouverneur de Genji. L’Empereur, ne trouvant personne capable de dompter le cheval divin, a donné l’ordre à ses grands vassaux de se réunir à Delhi. Chacun d’eux est invité à monter le Barassari. Le cavalier qui fera ainsi le tour de la ville deviendra propriétaire du cheval et recevra des présens