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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/467

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sont couronnés par le succès. Vasili décide qu’Isidore le représentera au Concile. Mais, il espère que ce Concile donnera raison à l’Église grecque. « Reviens-nous, dit-il à son ambassadeur, avec l’ancienne foi de Wladimir. »

Le 8 septembre 1437, Isidore se remet en route pour gagner Ferrare, et ensuite Florence, où. vingt mois plus tard, l’Eglise latine allait triompher, et ce triomphe devenir, de la part des Russes, un grief contre Isidore qui, maintenant pourvu du chapeau cardinalice, n’était plus à leurs yeux qu’un renégat de la foi grecque et un champion de la Papauté. Son retour à Moscou leur donna l’occasion de manifester leurs colères Lorsque le cardinal parut à la cathédrale, précédé de la croix latine, ils se montrèrent choqués sans oser cependant l’empêcher de monter à l’autel. Mais, lorsque ensuite, aux prières, il mêla le nom d’Eugène IV et promulgua la bulle d’union qu’il rapportait de Florence, les protestations éclatèrent. Vasili, en pleine église, reprocha violemment au métropolite de l’avoir trahi, l’accabla d’apostrophes injurieuses, le fit arrêter et garder à vue, résolu à le traduire devant un tribunal ecclésiastique. Bientôt réuni, ce tribunal rejeta comme hérétiques et scandaleuses, les doctrines du Concile. Les peines les plus graves eussent été prononcées contre Isidore s’il n’était parvenu à s’échapper de sa prison, d’où, au milieu des pires dangers, il gagna l’Italie, avec le regret de n’avoir pu faire reconnaître à Moscou la sagesse et la légitimité de l’œuvre de Florence.

Ainsi, déjà compromises à Constantinople par la résistance de la majorité du clergé byzantin, les tentatives d’union échouaient lamentablement à Moscou, et le Saint-Siège devait se résigner à attendre des événemens l’occasion d’en faire de nouvelles.

Cette occasion se présenta vingt ans après la prise de Constantinople. À cette époque, vivait à Rome une jeune princesse, Paléologue, fille du dernier empereur grec, tué en défendant sa capitale. Recueillie encore enfant par le Saint-Siège, élevée par ses soins et dotée à ses frais, elle fut regardée par le pape Sixte IV comme l’instrument désigné par le ciel pour opérer la réconciliation entre l’Église romaine et celle de Russie. Il la fit offrir pour femme au souverain moscovite Ivan IV, convaincu que l’ardeur de sa foi et ses droits d’épouse l’aideraient à convertir son mari. A la veille de partir pour Moscou, elle promit de travailler à créer l’union. Mais, une fois mariée, elle oublia ses promesses et passa spontanément au schisme.

Cependant, entre Rome et Moscou, les relations restaient cordiales ;