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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/77

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toute conversation, seul plaisir qui nous reste, mais plaisir dont je jouis encore beaucoup. Vous avez bien raison d’être triste ; si je n’avais pas un inépuisable fonds d’optimisme lointain, je le serais autant que vous. J’ai pris, dans ma retraite, encore plus de goût que je n’en avais aux jours de l’action pour la bonne politique. Le spectacle de la mauvaise blesse mon goût autant qu’il révolte ma raison.


Val-Richer, 14 juillet 1868.

Mon cher confrère, je regrette presque d’être l’occasion et l’objet de votre article sur mes Mélanges biographiques : je suis un peu gêné pour vous dire combien je le trouve spirituel, plein de pénétration et d’agrément, finement pensé et finement écrit. Vous avez vécu avec quelques-unes des personnes dont j’ai parlé et dont vous avez parlé, mais vous auriez vécu comme moi avec toutes que vous ne les auriez pas mieux comprises et mieux appréciées.

Je vous remercie pour elles comme pour moi. Je n’ai pas été aussi touché que vous de Mme Récamier, mais je suis charmé que vous l’ayez si bien traitée. Elle méritait un peu d’idolâtrie, et Mme Lenormant sera bien heureuse de votre portrait.

Je ne sais point de nouvelles, rien que des incertitudes ; on me dit que les ministres sont unanimes à vouloir les élections au mois d’octobre, mais que l’Empereur, sans dire un non absolu, au fond n’en veut pas. Et on attribue sa résistance à quelque projet inconnu qu’il ne veut pas dire non plus, mais qui devra précéder et déterminer les élections. Il ne voit aujourd’hui rien qui l’y oblige, et il ne voudrait les faire que sous le coup d’un gros événement. En attendant et dans cette obscurité, tout le monde s’y prépare, gouvernement et opposition. Les connaisseurs parlent toujours de la guerre. Il est plus aisé d’en parler que d’y trouver une raison.


1870


Val-Richer, 11 juin 1870.

Mon cher confrère,

Mme Lenormant m’écrit qu’elle a vu Mme de Lavergne qui va bien et que vous allez un peu mieux. Vous êtes donc de retour à Paris. Confirmez-moi, je vous prie, ces bonnes nouvelles ; j’ai