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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/903

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compagnies fidéicommissaires (trust companies) et des banquiers particuliers : l’ensemble de ces établissemens et maisons ont reçu du public des dépôts pour une somme à peu près double des Banques nationales, comme le montre le tableau ci-dessus. Les banques des États et les compagnies de trust se sont particulièrement multipliées depuis le commencement du siècle. Dans les dernières années, le nombre en a passé de 9 519 à 13 317, et l’ensemble de leur actif s’est élevé de moins de 6 à plus de 15 milliards de dollars.

Dans aucun pays du monde les dépôts de banque n’atteignent un chiffre pareil : même dans le Royaume-Uni, où ils s’élèvent à vingt-cinq milliards de francs environ, ils ne représentent que 600 francs par tête d’habitant, tandis qu’aux Etats-Unis cette moyenne est de 850 francs. Le simple énoncé de ces statistiques suffit à faire comprendre quel rôle ces dépôts de banque jouent chez un peuple qui règle une grande partie de ses échanges au moyen de viremens à l’intérieur de ces établissemens et de transferts effectués de l’un à l’autre. Dans toutes les villes importantes de la Confédération, les banques se sont réunies pour former une chambre de compensation, c’est-à-dire un organisme par l’intermédiaire duquel elles se présentent chaque jour, et même en général deux fois par jour, tous les chèques tirés sur chacune d’elles et en faveur de chacune d’elles : le rapprochement des sommes que les établissemens ont à payer et à recevoir permet de dégager la situation quotidienne de créancier ou de débiteur de chacun d’eux vis-à-vis du caissier central, la Chambre de compensation : celle-ci établit une balance entre les débits des uns et les crédits des autres, si bien que chacune ne paie ou ne reçoit en espèces qu’une fraction insignifiante du mouvement total. C’est ainsi que, dès 1869, le solde des opérations réglées en espèces à New-York n’atteignait pas 3 pour 100 de l’ensemble.

L’Amérique est donc un pays où l’immense majorité des échanges se règle sans monnaie, c’est-à-dire par des jeux d’écritures, des transports de crédits du débiteur au créancier. Mais ces crédits, en fin de compte, représentent un droit à la monnaie, et c’est la monnaie seule qui en dernière analyse leur sert de base. A tout moment, le client d’une banque, inscrit sur ses livres, pour un certain chiffre de dollars, peut venir lui réclamer de l’or ou des billets à cours légal. Il est évident que, dans