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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/79

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offensives de 1918. Tous ces moyens ont conspiré, le 23 octobre, à notre victoire de la Malmaison, si complète, si mesurée, si harmonieusement réglée et contenue en ses justes bornes par la raison.

Ainsi, dès 1917, le problème de la bataille de rupture est virtuellement résolu. Il l’est par les divers perfectionnements tactiques ci-dessus énumérés, mais bien plus encore par la certitude où nous sommes que bientôt entreront en jeu d’autres forces, à savoir : nos chars blindés, nos obus toxiques, notre artillerie automobile, — et, dans un délai plus ou moins lointain, en nombre plus ou moins grand, nos alliés américains.

Nos chefs le savent donc, que la guerre de mouvement va reprendre. Bientôt, dès que l’un des deux partis se sentira plus capable que l’autre d’étendre ses fronts d’attaque et de persévérer dans l’offensive, bientôt, par-delà le système longtemps inviolé des tranchées et des blockhaus, des sapes et des casemates, bientôt l’une des deux infanteries s’élancera en terrain libre à la recherche de sa rivale, et la lutte en rase campagne déroulera ses alternatives, ses amples mouvements de flux et de reflux. Nos chefs le savent. Mais ce qu’ils savent, Hindenburg et Ludendorff le savent aussi, et c’est ce qui fait le pathétique de ces jours. Lequel des deux adversaires commencera ?


JOSEPH BEDIER.