- Entre civilisés et barbares, la lutte n’est pas égale. Les nations civilisées appliquent les neuf dixièmes de leurs forces à la paix et au travail : les barbares appliquent à la guerre tous leurs bras et toute leur âme.
- FUSTEL DE COULANGES.
- L’Invasion germanique, p. 327.
- Entre civilisés et barbares, la lutte n’est pas égale. Les nations civilisées appliquent les neuf dixièmes de leurs forces à la paix et au travail : les barbares appliquent à la guerre tous leurs bras et toute leur âme.
Il y a quelques années, à l’occasion du jubilé de l’historien belge Godefroid Kurth, nous présentions aux lecteurs de la Revue cette grande personnalité de savant et de lutteur[2]. Kurth, dans toute son œuvre historique, unissait à des scrupules d’érudition minutieuse un don permanent d’éloquente synthèse ; on trouvait en lui ces deux qualités qui sont rarement réunies chez un même homme : la perspicacité pointilleuse du chercheur, et le souffle du généralisateur. Son Clovis, sa Sainte Clotilde, son Histoire poétique des Mérovingiens, ses Origines de la civilisation moderne, son Eglise aux tournants de l’histoire, nous montrent en lui une méthode de « chartiste » mise au service d’une âme d’orateur, et comment de la dissection même des « documents » il fait jaillir la vie. Ce fondateur d’un laboratoire historique était, tout en même temps, un homme d’action : il se mêlait intimement, non point à la vie parlementaire du parti catholique belge, mais à cette vie plus profonde, plus remuante, qui fermentait quotidiennement dans les associations démocratiques, dans les groupements ouvriers, et qui préparait à longue échéance les futures campagnes politiques : cet intellectuel aimait le contact des masses, tantôt pour ausculter l’âme nationale et tantôt pour l’entraîner.
Et c’était avec tout lui-même, avec sa connaissance approfondie de