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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/206

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la droite jusque-là épargnée et assez faiblement constituée de von Below. Il attaque sur la route Arras-Cambrai, remporte une éclatante victoire. L’ennemi, ainsi débordé par le Nord, exécute aussitôt une retraite générale, de la Scarpe à l’Oise. Il évacue tout l’ancien champ de bataille de la Somme, et les anciennes lignes Roye Lassigny ; il se retire à l’Est de Bapaume, de Combles et sur la ligne Péronne-Noyon qu’il conserve. C’est le second recul général.

Mais les Britanniques continuent leur action, et, le 2 septembre, l’aile droite de Horne et l’aile gauche de Byng crèvent à Quéant la position principale de repli de l’ennemi, la charnière où la ligne Drocourt-Quéant qui couvre Douai, s’embranche sur la ligne Hindenburg qui couvre Cambrai. L’ennemi se décide alors à un troisième repli d’ensemble, qui dure jusqu’au 8 à sa droite, jusqu’au 10 à sa gauche, et qui le ramène sensiblement sur les positions qu’il occupait avant sa grande attaque de mars 1918, c’est-à-dire dans l’ensemble sur la position Hindenburg. Son front passe à peu près par Marquion. Havrincourt, Epéhy, Vermand. Il couvre Saint-Quentin à 7 kilomètres environ, coupe l’Oise en aval de la Fère, et, comme l’hiver précédent, se moule sur la forêt de Saint-Gobain et la Haute forêt de Coucy par Barisis et Quincy-Basse.

Voilà donc les Allemands ramenés à leur lancer ; le 15 septembre ils occupent à peu près, entre la Scarpe et l’Oise, les positions qu’ils occupaient le 15 mars. Leur grande offensive, leur offensive suprême sur le front occidental a été reconduite à son point de départ. Mais quel changement ! Dans les six mois qu’a duré cette tragédie, l’armée allemande s’est définitivement épuisée. À la date du 24 août, le nombre d’engagements de ses divisions est le suivant. Dans la seconde bataille de la Somme, c’est-à-dire dans l’offensive de mars, elle a engagé 112 divisions, qui toutes étaient fraîches. L’offensive d’avril sur la Lys lui a coûté 51 divisions, dont 41 fraîches, et 10 déjà engagées dans l’offensive de mars. L’attaque du 27 mai qui l’a fait avancer de l’Ailette jusqu’à la Marne, lui a coûté 44 divisions, dont 11 seulement fraîches, et 33 engagées en mars, ou en avril. L’attaque du 9 juin sur Compiègne a été faite par 19 divisions, dont 3 seulement n’avaient pas encore donné dans la bataille. À vrai dire, à partir de ce moment, on peut affirmer que toutes les divisions allemandes capables de figurer dans une