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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/345

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LES MASQUES ET LES VISAGES [1]

UN NOUVEAU PROFIL DE FEMME
AU LOUVRE
BIANCA MARIA SFORZA

Il y est entré pendant la guerre, sans bruit, comme un revenant. On l’avait déjà vu, quelque part, ce profil de jeune femme au teint mat, découpé comme à l’emporte-pièce dans un tissu de couleurs claires et appliqué sur un fond noir, avec une illumination de perles suspendues et de pierres précieuses. Où cela ? Dans quelle fête ou réunion mondaine ?... On ne se rappelait plus bien... Mais, certainement, on s’était arrêté, déjà, devant elle et, déjà, l’on avait demandé : « Qui est-ce ? » Puis, un brouhaha d’événements et de cris avait emporté question et réponse. Des années avaient passé ; une génération nouvelle était apparue ; d’autres figures sans nombre, superposées, dans nos mémoires, à l’éphémère image du profil aux perles. Enfin, la grande catastrophe était venue, anesthésiant toutes les curiosités qui n’avaient pas pour objet le salut de la patrie. Et voici qu’après bien des années, dans le musée timidement entr’ouvert, la réapparition de ce petit masque oublié ramène en notre esprit le même désir de connaître, et nous nous demandons, à

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 avril, des 1er et 15 octobre et du 15 novembre 1918.