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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/349

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Bianca di perle, e bella più che ‘l sole
Dell’ ingegno del padre in se raccolse
E la bellezza da la madre tolse
Che ‘l volto ha di rubin, rose e viole.


Mais nous ne sommes pas tenus de le croire. Notre portrait du Louvre rend très suffisamment justice à son charme, tel qu’il ressort du témoignage de Lomazzo. Nous sommes donc, sans nul doute possible, en présence de Bianca Maria, fille de Galeazzo Maria Sforza, duc de Milan, et de Bona de Savoie, née en 1472, et devenue, par son mariage, impératrice d’Allemagne.


I. — A MILAN

Maintenant, quelle femme était-ce ? Regardons-la. Elle reproduit exactement le type « triangulaire court, » que les théoriciens du système planétaire placent sous l’invocation de Vénus et la Lune. Quel que soit le nom, dont la fantaisie d’une science conjecturale veuille la décorer, elle en reproduit tous les caractères : un esprit borné, une nature très sensuelle, timide, molle, flottante, une algue ondoyante au gré des remous de la mer, dans le milieu agité où elle est obligée de vivre, bonne dans la mesure où l’on peut être bon sans comprendre le malheur des autres, dévouée jusqu’au point où le dévouement cesse d’être une simple condescendance et devient un effort, probablement familière et sans morgue : — telle est la définition qu’en donneraient, à première vue, les physionomistes.

Sa vie dément-elle ce diagnostic ? Et va-t-elle nous révéler une personnalité beaucoup plus accusée que ce portrait ? Pour le savoir, regardons-la vivre. Née en 1472, dans l’immense Castello de Milan, Bianca Maria était la fille du duc Galeazzo Maria Sforza, dont nous voyons ici près le museau pointu, fort semblable à celui de son frère Ludovic le More, finement sculpté dans un médaillon, ou Tondo de pierre, qui est dans cette salle Arconati Visconti, au-dessus du haut buffet attribué à Hugues Sambin, avec l’inscription : G. M. S. F. D. M. Quintus, c’est-à-dire Galeazzo Maria Sforza cinquième duc de Milan. Sa famille était fort nombreuse. Rarement petite fille fut plus amplement, pourvue d’oncles et de tantes. On n’en finirait pas de les dénombrer, son père ayant cinq frères légitimes, parmi