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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/360

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François faite de grosses perles avec un beau rubis taillé sans feuilles comme fermoir.

« De l’autre côté du char, étaient Madonna Fiordelise (fille naturelle du duc Francesco Sforza), Madonna Bianca (fille naturelle de Ludovic le More), épouse de messer Galeazzo, et la femme du comte Francesco Sforza. Derrière, suivaient les ambassadeurs envoyés par sa Très Chrétienne Majesté de France pour honorer ces noces. Ensuite, venaient les envoyés des différents États italiens, selon leur rang, puis le seigneur duc et mon mari à cheval. Derrière, suivaient environ douze chars contenant les plus nobles dames de Milan spécialement choisies pour assister à la solennité, et les dames de la Reine portant toutes le même costume uniforme, c’est-à-dire des camoras couleur tan et des manteaux de satin vert clair. Les dames de la duchesse Isabelle et les miennes étaient ensemble dans ces chars. Et lorsque nous gagnâmes lé Dôme, dans cet ordre, les boutiques et les fenêtres, tout le long du chemin, étaient tendues de draperies de satin et pleines d’hommes et de femmes, de telle sorte qu’il eût été impossible d’évaluer les foules qui s’entassaient à tous les coins des rues.

« Lorsque nous fûmes arrivés aux portes du Dôme, nous descendîmes des chars et nous avançâmes jusqu’aux marches de l’estrade, où les ambassadeurs du Roi des Romains s’avancèrent eux-mêmes pour recevoir la Reine, qu’ils conduisirent à sa place sur la grande estrade, devant le maître-autel. Alors nous primes tous les places qui nous étaient réservées, c’est-à-dire que les ambassadeurs montèrent dans la tribune couverte de toile d’or, la Reine fut conduite à la tribune de brocart d’argent, entre les ambassadeurs français, tandis que derrière eux étaient assis les envoyés des autres puissances, le duc et mon mari, la duchesse et moi. Les autres parents de la mariée occupaient un rang de sièges plus bas, et la partie centrale de la tribune était remplie d’un grand nombre de dames. A côté de la Reine, les conseillers, vassaux, et autres courtisans, « officiers » et chambellans occupaient le reste des sièges. Quant à la foule, l’église, qui est très vaste, ne pouvait pas la contenir tout entière.

« Lorsque nous fûmes tous en place, le très révérend archevêque de Milan fit son entrée en grand costume avec les prêtres de l’ordinaire et commença la célébration de la messe avec la pompe la plus solennelle, au son des trompettes, des flûtes et