Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ronds avec les armes impériales et celles de notre maison. Au-dessus de la rue, depuis le Castello jusqu’au Dôme, étaient tendus des draps à la Sforzesca. A beaucoup de portes, les colonnes étaient décorées de lierre et de feuillages verts, en sorte qu’il semblait que l’on fût au mois de mai plutôt qu’en novembre. Des deux côtés de la rue, les murs étaient tendus de satin, sauf les maisons qui ont été récemment ornées de fresques et qui ne sont pas moins belles que des tapisseries.

« Le matin du grand jour, à neuf heures environ, les révérends et magnifiques ambassadeurs du Roi des Romains chevauchèrent jusqu’à l’église, escortés par le marquis Ermès, le comte de Caiazzo, le comte Francesco Sforza, le comte da Metzo et messer Ludovico de Fojano, et prirent place sur la grande estrade, tout contre la petite estrade couverte de drap d’or, à votre gauche en entrant, ceci étant considéré comme le côté le plus honorifique, puisque c’est le côté de l’Evangile. A dix heures, la sérénissime Reine monta dans le char de triomphe que notre très chère Mère, de révérée mémoire, me donna quand j’étais à Ferrare et qui était traîné par quatre chevaux blancs.

« La Reine portait une toilette de satin cramoisi brodée de fit d’or et couverte de pierres précieuses. La traîne était immensément longue et les manches, que leur forme faisait paraître comme deux ailes, produisaient un effet splendide. Sur la tête, elle portait une parure de magnifiques diamants et de perles et, pour ajouter à la solennité de la chose, messer Galeazzo Pallavicino portait la traîne et chacun des comtes Conrado de’ Lando et Manfredo Torniello portait une des manches. Devant la mariée, marchaient tous les chambellans, courtisans, « officiers, » gentilshommes, vassaux, et, en dernier lieu, les conseillers. La Reine était assise au milieu du char, la duchesse Isabelle à sa droite, et moi à sa gauche. Ladite duchesse portait une camora de satin cramoisi, avec des cor- dons d’or tressés par-dessus, comme dans ma camora de toile dont vous devez vous souvenir... Et moi, je portais ma camora de velours pourpre avec le dessin des chaînes exécuté en or massif et en émaux vert et blanc, descendant à 15 centimètres devant et derrière le corsage et sur les épaules. La camora était bordée de toile d’or et je portais, aussi une ceinture de saint