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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/400

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d’une substance ne pouvant pas supporter des frais d’extraction élevés, surtout quand elle est dépréciée par une forte teneur en silice, par une faible teneur en calcaire.

Ces notions sommaires vont nous suffire maintenant pour comprendre l’histoire de cette industrie, qui est mêlée par un lien si intime et parfois si douloureux à notre histoire nationale.

Ce sont naturellement les affleurements ferrugineux qui ont commencé par attirer l’attention sur les minerais de fer lorrains. Sur ces affleurements, il s’était produit un remaniement et une concentration du fer en petits grains gros comme des pois, que l’on a exploités très anciennement, peut-être même avant l’époque gallo-romaine. Puis on a repris vers 1837 et on a travaillé jusque vers 1878 les meilleures parties du gisement originel (les meilleures suivant les idées du temps) celles qui ne contenaient pas de phosphore, et l’on s’est mis, progressivement mais avec timidité, à s’enfoncer dans le sens de l’Ouest. A la veille de 1870, la production de tout le bassin lorrain ne dépassait guère 300 000 tonnes de fonte : le dixième de ce qu’il a donné à la veille de 1914. Ai-je besoin de rappeler une fois de plus ce qui s’est passé en 1871 : quelle importance les Allemands attachaient dès lors à ces minerais, jusqu’à nous concéder un rayon plus large autour de Belfort en échange des affleurements ferrugineux, seule zone alors utilisable ; comment, dès cette époque, nos hommes d’Etat « dont l’esprit n’avait pas été orienté du côté économique, » ont cédé les mines de Thionville et d’Hayange, sans soupçonner la valeur du cadeau fait à nos ennemis ; comment, fort heureusement pour nous, les conditions industrielles, qui se sont modifiées en 1878 par la découverte de la déphosphoration, ont prêté une valeur nouvelle aux minerais de profondeur restés en notre possession du côté de l’Ouest ; comment enfin deux campagnes de sondages entreprises en 1882-1885, 1894-1896 ont démontré la valeur des minerais relativement profonds situés vers Landres, Briey et Conflans ?...

Telle qu’elle est maintenant connue, la zone ferrifère commence au Nord vers Longwy et Mont-Saint-Martin, où elle est k cheval sur les quatre pays de la Belgique, du Luxembourg, de la France et de la Lorraine désannexée. (Je maintiens la distinction entre ces deux derniers pour la clarté du langage.) Puis elle s’étale vers le Sud en prenant sa plus grande largeur à la hauteur de Thionville, d’Entrange vers Landres ou de