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Le fondateur de l’Académie de Metz était déjà, depuis plus de dix ans, l’un des Quarante de l’Académie française. Il pria quelques-uns de ses confrères parisiens, — notamment le duc de Nivernais, pair de France et grand d’Espagne, qui fut lieutenant-général en Lorraine, et aussi le vieil ami de Mme du Deffand, M. Hénault, président honoraire en la première chambre des Enquêtes, déjà membre de l’Académie royale de Nancy, — d’accepter le titre d’académicien honoraire de Metz. L’Académie des Sciences voulut bien déléguer dans le même honorariat son secrétaire perpétuel, M. de Fouchy, auditeur des Comptes, astronome du roi, et aussi l’un de ses associés libres, le comte de Tressan, lieutenant-général des armées du roi, commandant à Toul, excellent officier qui avait quitté la vallée de Montmorency pour les rives de la Moselle, d’ailleurs chansonnier à ses heures de loisir, et qui a célébré en d’aimables Souvenirs les charmes de la vie champêtre. D’autres académiciens de Paris, inaugurant alors la tradition qui fut suivie, depuis cette époque, par Cuvier, François Arago, Rœderer, Lacuée, Lacretelle, Silvestre de Sacy, Emile Michel, Alfred Mézières, ont fait partie de l’Académie de Metz. L’ancienneté de ces relations académiques atteste !a profondeur de l’attachement spirituel qui unit la cité messine à la patrie française

Selon l’exemple donné par le cardinal de Richelieu, lorsqu’il fît d’une modeste réunion de gens de lettres une éclatante institution publique, l’ancien régime n’a jamais cessé de mettre au nombre de ses plus élégantes maximes de gouvernement le dessein de faire servir au bien public, par des voies diverses, l’émulation des compagnies académiques, des sociétés scientifiques ou littéraires que multipliait, sur tout le territoire du royaume de France, le génie inventif des Français. Les historiens ne sauraient manquer de mettre en lumière toute l’importance des services que nous ont rendus ces compagnies, pour le maintien et pour la propagation de notre langue, pour l’encouragement des œuvres de notre intelligence, pour la formation et le progrès de notre esprit national.

Au temps où l’Académie de Metz convoqua, pour la première fois, à son assemblée solennelle, le 17 novembre 1760, toutes les autorités de la ville, l’évêque diocésain, Claude de Rouvroy de Saint-Simon, et l’intendant de la province, M. de Bernage de Vaux, maître des requêtes, avec le primicier de la cathédrale, M. de Majainville, et le maître-échevin, elle entretenait déjà des relations avec l’Académie royale de Bordeaux, par l’intermédiaire d’un de ses correspondants,