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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/541

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qui viennent d’être exposées n’auraient pas suffi, que l’on se sentait pressé par les considérations d’ordre social agissant dans le même sens : c’est encore un point qui ne peut être qu’effleuré aujourd’hui. Mais personne n’ignore l’action exercée par tous les partis socialistes sur les gouvernements des Puissances alliées et associées, en vue de les amener et même de les contraindre à « ménager » l’Allemagne.

Il ne fait nul doute que ces gouvernements ont obéi, dans une certaine mesure, les uns et les autres, aux injonctions, souvent brutales, qui les sommaient de se conformer aux programmes internationalistes et marxistes.

La lutte contre le capital est devenue un des articles de foi du gouvernement actuel en Allemagne ; il s’est fait, ainsi, une clientèle internationale à peu de frais. Inutile de citer les appels sans nombre adressés par la voix de la presse ou les conseils perfides insinués par le moyen de la propagande occulte aux partis de la révolution dans tous les pays du monde, depuis l’avènement du nouveau régime soi-disant démocratique en Allemagne. L’organisation défaitiste, remontant aux pires moments de la guerre, s’est adaptée à miracle à ce nouveau jeu. La Révolution marxiste, telle est la conception que les gouvernants actuels de l’Allemagne se font de la Revanche. En un mot, l’impérialisme économique s’est doublé d’un impérialisme social de même origine.


Entente entre les divers impérialismes. — Ainsi, par une circonstance singulière, mais qui n’est pas absolument nouvelle, il s’est trouvé que le capitalisme et ses ennemis agissaient, jusqu’à un certain point, dans le même sens.

Les grandes entreprises financières, les organisations du crédit, les hommes qui font travailler l’argent disaient : « Nous avons besoin d’une Allemagne forte et unie pour sauver le monde de la ruine et éviter la révolution. » Les partis socialistes, les marxistes, les internationalistes et les partisans du grand chambardement disaient : « Nous avons besoin d’une Allemagne forte et compacte, parce que nous comptons sur elle pour mettre à bas le capitalisme. »

Par quels canaux souterrains, ces idées, ces tendances, ces calculs, se sont-ils glissés jusque dans les coulisses de la Conférence,