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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/542

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il est impossible de le dire maintenant, mais tout le monde a senti leur action.

En un mot, les grands impérialismes économiques se dressant, dans le monde, sur la ruine des petites entités économiques, se sont donné la main pour obtenir, en faveur de l’Allemagne, des ménagements politiques et commerciaux en vue d’arriver à la reprise des affaires et à l’ordre permettant de réorganiser le crédit.

Et les grands impérialismes sociaux se sont donné la main pour, à la faveur des révolutions russe et allemande, exiger une nouvelle organisation de la Société.


Ordre ou désordre, lequel des deux l’emportera ? c’est le secret de demain.

Mais il est évident que, de toutes façons, l’Allemagne gagne à leur concurrence. Si les combinaisons des grands impérialismes économiques l’emportent, elle garde, en se ralliant à eux, son unité politique, financière, commerciale, avec la réalité d’une aide immédiate et l’espoir d’une prompte reconstitution. Le Zollverein voit se rouvrir les marchés du monde, et on l’aborde comme un débiteur qui compte.

Au contraire, si les combinaisons de l’internationalisme l’emportent, l’Allemagne y prend une place prépondérante et ses partis avancés ont, du moins, la joie d’ébranler, chez ses adversaires, les gouvernements bourgeois, si fiers de leur victoire.

Tel est le plan, ou — plus exactement — telles sont les possibilités...

Loin de moi la pensée qu’il s’agisse d’un mal sans remède. J’ai la conviction, au contraire, que le traité contient, ou acquises ou en germe, des solutions permettant de parer à l’un et l’autre danger. Certaines lacunes peuvent être comblées, d’heureuses améliorations peuvent être apportées. Les peuples eux-mêmes sont les meilleurs gardiens de leur propre cause ; et je reprends, ici, avec foi, la parole du président Wilson : « L’Entente se développera en action. »

Mais, je crois pouvoir ajouter que cette action doit être combinée avec d’autant plus de soin qu’on a laissé, entre les mains de l’Allemagne, une arme plus redoutable, l’unité bismarckienne.