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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/643

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mais radicaux, prompts et pratiques du bon combat.

À ces campagnes, dans quelle mesure Bossuet collabore-t-il ? Il prit part surtout, ce semble, au prosélytisme qui visait les familles et les enfants. Quand, en avril 1657, Schomberg obtient enfin, non sans difficultés, de la Cour, des lettres patentes pour la maison des Nouvelles converties, c’est Bossuet qui, alors à Paris, les apporte, et qui, en passant à Toul, les fait enregistrer au Parlement. C’est lui aussi qui, en novembre de la même année, donne à cette maison, définitivement fondée, des règlements. C’est lui encore, — nous aurons à le rappeler tout à l’heure, — qui prêche à la prise de voile de Claude Maillard, une des sœurs militantes expédiées de Paris à la rescousse par le siège directeur du Saint-Sacrement. C’est lui, enfin, qui, en février 1658, devient supérieur de la maison d’Allix Clerginet. Donc, il est, dans la milice secrète, plus qu’un adhérent platonique : un membre actif. Dans les exhortations d’énergie à Schomberg, dans les appels « excitatifs » à l’intervention parisienne de saint Vincent de Paul, Bossuet membre de la Compagnie du Saint-Sacrement paraît.

Mais ce qu’il faut se rappeler surtout, pour comprendre ce Bossuet initial si combattif, c’est ce que les protestants sont à Metz en ce temps-là.

D’abord, ils sont très nombreux : en I642, dix mille environ, plus d’un tiers, ce semble, de la population urbaine. Dans les alentours, cent cinquante villages renferment des calvinistes. Les quelques statistiques qui nous restent n’indiquent pas que, dans les quinze années suivantes, ils aient diminué. De 1652 à 1660, ils baptisent, par an, de deux cent quarante à deux cent quatre-vingt-dix enfants ; ils font de quarante-cinq à soixante mariages. Un dénombrement de 1684 comptera encore, postérieurement à des émigrations probablement nombreuses, environ quatre cent vingt familles réformées.

Considérable, cet effectif n’est point cantonné, comme alors en quelques villes, par peur ou par honte, en de certains quartiers. Si les calvinistes sont denses principalement sur la paroisse Saint-Maximin, ils sont répandus aussi sur les paroisses Sainte-Croix et Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Jean, Saint-Victor, Saint-Gorgon. Sur cette dernière, toute petite, il restera, en 1680, deux cent soixante-sept huguenots, hommes et femmes, il y en a jusque dans ce quartier de la