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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/680

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la production. L’agriculture, qui a rarement vu ses récoltes aussi demandées et à des cours aussi élevés, redouble d’énergie, sauf dans les parties de la Russie où sévit le bolchevisme. L’industrie, en dépit des difficultés d’approvisionnement en charbon et en matières premières, s’efforce d’obtenir le rendement maximum. Il faut distinguer à cet égard la situation des régions que la guerre n’a pas directement atteintes et celle de nos départements envahis : ceux-ci ne pourront pas nous fournir avant longtemps autant de produits métallurgiques et de textiles qu’en 1913. Mais, si nous considérons l’ensemble du globe, nous pensons que le volume de la production ne doit pas tarder à regagner l’ancien niveau.


CONCLUSIONS

Ce qu’il est essentiel de comprendre, c’est que deux ordres de causes agissent sur les prix : la méconnaissance de ce fait peut entraîner des erreurs capitales. Les causes intrinsèques, dues au ralentissement de la production et à la difficulté des transports, sont appelées à perdre graduellement de leur intensité. En dépit des lenteurs apportées à la reconstruction de nos provinces dévastées, en dépit des obstacles que rencontre la remise en état de nos voies ferrées, chaque jour marque un progrès, trop faible au gré de notre légitime impatience, mais incontestable. Il ne faut d’ailleurs pas nous borner à considérer notre seul pays, d’autant que nous sommes obligés de recourir pour longtemps encore aux importations ; or, à l’étranger, chez nos Alliés en particulier, qui n’ont pas connu les horreurs de l’invasion, la vie normale reprend avec rapidité et permet d’entrevoir le moment où elle se rapprochera des conditions de l’avant-guerre. Elle n’y reviendra pas entièrement, parce qu’un de ses facteurs a subi des modifications sérieuses, nous voulons parler de la main-d’œuvre, qui est plus chère et moins efficace. Mais, dès que les autres éléments de la production et de la circulation des biens seront redevenus comparables à ce qu’ils étaient avant 1914, nous assisterons à une baisse notable des prix : nous la constatons déjà à l’étranger, pour de nombreux objets. Chez nous-mêmes, c’est une question de temps : combien de mois, d’années faudra-t-il pour refaire ce que la guerre a détruit ? Nous ne pouvons le dire ; mais ce que nous savons,