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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/683

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résultat énorme que d’avoir donné au public la sensation d’un arrêt dans la course vertigineuse à la hausse indéfinie.

Parallèlement il faut que chacun restreigne ses dépenses. La guerre a entraîné une destruction de capital dont aucun pays n’a plus souffert que le nôtre. Nos départements les plus riches attendront des années, avant d’être en mesure de fournir le charbon, le blé, le lait, les tissus, les produits chimiques qu’ils donnaient en abondance avant 1914. Ce sera un déficit considérable. Dans la mesure où nous pourrons le couvrir par des récoltes faites ou des produits fabriqués sur d’autres parties de notre territoire, ce sera un moindre mal ; mais, pour tout ce dont nous devrons augmenter nos importations, c’est un fardeau additionnel. Efforçons-nous donc d’intensifier la production nationale et de contenir nos consommations dans la limite du nécessaire : nous verrons alors rapidement disparaître les deux fléaux de la vie chère et des prix violemment instables, qui nous font presque oublier par moments que nous sommes vainqueurs.

Faisant abstraction de la force majeure, des destructions de capitaux de toute nature, capital humain, capital immobilier, capital mobilier, amenées par la guerre, nous voyons que toutes les autres causes sont imputables à l’intervention de l’Etat. C’est lui qui a été le premier instigateur du mal, en accordant aux ouvriers des usines de guerre des salaires excessifs, en concluant des marchés à des taux tellement élevés qu’il a fallu décréter un impôt spécial sur les bénéfices qui en découlaient ; c’est lui qui a distribué des milliards à tort et à travers, sans se soucier de savoir au moyen de quelles ressources il les obtiendrait ; c’est lui qui, en présence de ses coffres vides, n’a pas trouvé d’autre moyen de les remplir que de contraindre la Banque de France à fabriquer de nouveaux milliards de papier. C’est lui qui est intervenu pour réglementer les importations, les exportations, les transports ; c’est lui qui a prétendu déterminer les marchandises que l’on pourrait introduire en(France et dresser une liste de proscription contre certaines d’entre elles, et non des moindres ; c’est lui qui a relevé les barrières douanières, au moment où nous avons un besoin pressant de beaucoup d’objets fabriqués ou récoltés à l’étranger ; c’est lui qui, par ses taxations maladroites ou intempestives, tantôt ralenti ou arrêté, tantôt surexcité la production.