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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/684

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La guerre, loin d’avoir échappé aux lois économiques, en a démontré la rigoureuse exactitude : tout s’est passé selon les prévisions de la science. Que les hommes d’Etat écoutent donc ses leçons. Certes la politique a ses nécessités, et il n’est pas possible d’appliquer sans ménagement tous les remèdes dont l’expérience et le raisonnement nous enseignent l’efficacité. Mais une ligne de conduite peut et doit être suivie, qui consiste à retirer le plus vite possible à l’Etat les innombrables attributions qu’il s’est arrogées en temps de guerre. Le bienfait sera double : le chiffre des fonctionnaires sera diminué et les particuliers déploieront librement une activité fructueuse, là cil des agents officiels procèdent avec lenteur, avec hésitation et cherchent à éviter les responsabilités plutôt qu’à obtenir des résultats.

La vie chère est une résultante de bien des éléments divers. On ne saurait la combattre par une méthode unique. Cependant, lorsqu’on a mis en lumière tout ce qui concourt à la provoquer, on a fait un grand pas vers la solution du problème. On distingue alors ce qui peut être réalisé sans délai et ce qui ne peut s’accomplir que progressivement. Mais même pour cette seconde partie, l’effet d’une orientation dans la bonne direction serait instantané. Que les ministres cessent de proposer et les Chambres de voter des dépenses extravagantes ; que l’on se hâte d’émettre un emprunt consolidé, que le Trésor ne recoure plus à la Banque et commence à lui rembourser ne fût-ce qu’un milliard par an ; que les barrières s’abaissent devant les importations des objets qui nous sont nécessaires ; que les Français, laborieux par tempérament, ne se laissent pas détourner de leur penchant naturel par les excitations perfides de meneurs suspects ; que nos antiques vertus de travail, d’ordre, d’économie, qui sont l’apanage de l’admirable race de no ; paysans, continuent à être pratiquées et par eux et par les ouvriers ; que chacun se dise qu’aux devoirs de la guerre ont succédé ceux de la paix, et nous ne tarderons pas à voir renaître dans notre cher et grand pays la prospérité à laquelle lui donne plus que jamais droit l’héroïsme incomparable qu’il a déployé au cours des cinquante-deux mois de la plus atroce guerre que le monde ait connue.


RAPHAËL-GEORGES LÉVY.