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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/793

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Cependant, l’opinion se prononçait ; elle trouva son écho, au début de l’année 1917, dans une proposition de lord Bryce et d’un groupe qu’il présidait, proposition destinée « à empêcher les guerres futures. » Dès ce jour, la grande pensée des hommes publics anglais est d’établir un moratorium des conflits pour retarder, le cas échéant, l’explosion des hostilités. La British League of Nations Society publia son « (Projet pour une Ligue des Nations » en août 1917. La « Ligue américaine pour la Paix, » ayant aussi précisé sa pensée, la comparaison entre les deux systèmes nous éclaire sur les résultats auxquels on était arrivé dans les pays anglo-saxons : « Le programme américain est moins impérieux que celui de la Ligue britannique ; car il passe sous silence l’obligation contractuelle de faire exécuter les décisions du tribunal arbitral. Il ne contient également aucun article correspondant à l’article 4 du programme britannique qui transforme la Ligue des Nations en une alliance contre tout Etat, ne faisant pas partie de la Ligue, qui attaquerait un membre de la Ligue [1]. »

A partir de ce moment, le projet de Ligue prend corps devant le public anglais. A la fin de 1917, M. Balfour a désigné une « Commission de la Ligue des Nations, » chargée d’étudier un programme. Le « rapport général » de cette Commission est daté du 20 mars 1918, le « rapport final » du 3 juillet 1918. Les hommes d’Etat les plus considérables se prononcent. Le vicomte Grey publie son « Mémoire sur la Ligue des Nations » en juin 1918. Lord Robert Cecil, qui avait déjà soutenu, à diverses reprises, l’idée de la Ligue, précise ses idées dans son « Discours prononcé devant l’Université de Birmingham, le 13 novembre 1918. »

Le gouvernement britannique, tout en donnant son adhésion de principe, se tient sur la réserve : il attend la conclusion du débat engagé entre les opinions et les gouvernements alliés. M. Balfour dit à la Chambre des Communes, le 2 août 1918 : « Cette discussion démontre la grande unanimité qui existe en faveur d’une organisation quelconque à l’aide de laquelle les horreurs infligées actuellement au monde pourraient être épargnées à nos enfants. Cependant , aucun moyen pratique par lequel cet objectif pourrait être atteint, n’a été avancé jusqu’ici...

  1. Commission britannique de la Ligue des Nations ; Rapport final à M. Balfour, 3 juillet 1918.