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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/794

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C’est seulement en remportant la victoire dans cette guerre que l’on pourra empêcher les guerres à venir et que l’on pourra espérer faire naître en Europe et dans le reste du monde, un état de choses qui, se conformant aux principes de moralité et de progrès intellectuel général, pourra être rendu permanent grâce au mécanisme de l’association… »

Le même jour, M. Lloyd George fait une déclaration empreinte d’un haut sentiment réaliste et d’une fermeté diplomatique remarquable : « On discute beaucoup relativement à une Société des Nations et je suis personnellement de ceux qui y croient. Il existe déjà deux Sociétés des Nations : la première, c’est l’Empire britannique ; la seconde, c’est la grande alliance entre les Puissances centrales. Quelle que soit la décision à laquelle nous aboutissions, il faut qu’elle nous permette de marcher la main dans la main avec les deux grandes Sociétés des Nations dont nous faisons partie… »

Cela veut dire que le Premier britannique rejetait toute immixtion dans les affaires de l’Empire et qu’il considérait l’alliance entre les puissances centrales, comme un « pouvoir exécutif, » pour le moment indispensable. Sur ces bases, l’opinion britannique se consolidait et Lloyd George pouvait, devant la Conférence de la Paix, adhérer au projet du président Wilson et déposer son propre projet de désarmement, sans verser dans les dangereuses illusions des groupements pacifistes.

Cependant, il semble qu’une certaine partie de l’opinion publique anglaise, à la veille de la Conférence, ait fait un pas de plus, et qu’elle ait envisagé l’idée d’un organisme actif ayant quelque fonction de souveraineté. Tel est, du moins, le programme du général Smuts publié le 10 janvier 1919 : « Il est nécessaire de considérer la Ligue des Nations, non seulement comme une institution qui évitera les guerres à l’avenir, mais comme un organe de vie paisible de civilisation, comme la fondation d’un nouveau système international… La vraie ligne de conduite à adopter serait d’investir la Ligue des Nations du droit de réversion en ce qui concerne les Empires russe, autrichien et turc dont les peuples sont, maintenant, incapables de se gouverner eux-mêmes… De nouveaux États européens seront créés. La Ligue des Nations aurait l’autorité et le contrôle sur tous. »

Ainsi, l’on voit apparaître l’idée de Super-État.

Voilà donc les deux systèmes dans leurs extrêmes : Lodge