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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/802

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LA BATAILLE DE FRANCE
(21 mars — 11 novembre 1918)

I


« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire. » (Ordre du jour du maréchal Foch du 12 novembre 1918.


I. — LA BATAILLE

« La plus grande bataille de l’histoire, » proclamait le chef au moment où elle se terminait. Nul n’était tenté de le démentir alors, le vaincu l’était moins que personne, qui en consentant une capitulation sans précédent dans l’Histoire, donnait à la gigantesque lutte l’épilogue attendu.

Tout fut grand en ce tournoi, d’une grandeur que jusque là aucune des plus illustres batailles n’avait atteinte : les circonstances où il s’engageait, corps à corps terrible après une guerre sans trêve de quarante-quatre mois ; l’arène où il s’allait livrer, des dunes de la Mer du Nord à la vallée de la Moselle, front de cent lieues où le feu ne s’éteindra point ; les forces jetées dans la mêlée, six millions d’hommes appartenant à six nations ; les moyens mis en œuvre, résultats de quatre ans d’inventions et de perfectionnements en l’art d’écraser l’adversaire ; la longueur et le nombre des passes d’armes qui, se succédant d’abord, bientôt s’enchevêtrant, ne furent finalement plus qu’une furieuse ruée contre un ennemi jusqu’au bout opiniâtre ; la passion surhumaine que non seulement