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La désignation d’objectifs successifs n’implique aucun temps d’arrêt sur ces objectifs qui jalonnent simplement la direction à suivre.

III. — Pendant son mouvement en avant, l’infanterie est protégée d’abord par le barrage roulant d’artillerie, puis par l’artillerie et les minenwerfer d’accompagnement. Elle fait d’ailleurs un large usage de ses propres feux et surtout de ses mitrailleuses légères.

Si une unité d’infanterie se heurte à une résistance qu’elle ne peut vaincre par ses propres moyens, elle s’arrête et est immédiatement dépassée par les unités qui l’encadrent, celles-ci étant chargées de faire tomber, en le débordant, le point d’appui qui reste.

IV. — Les Allemands affectent généralement leurs meilleures unités à la partie centrale du front d’attaque, de manière à se donner toutes les chances de produire, dans cette partie centrale, une progression rapide et profonde.

La manœuvre consiste ensuite à élargir rapidement la brèche ainsi faite, puis à attaquer sur les flancs de cette brèche.

L’attaque de front est d’ailleurs poursuivie en même temps que se développent les attaques de flanc.

V. — La profondeur de pénétration est obtenue par la marche rapide et résolue des troupes sur des objectifs déterminés à l’avance et situés à grande distance. Elle a pour effet de désorganiser promptement une défense qui n’est pas entièrement constituée, en lui enlevant, dans ces objectifs, les points essentiels de son organisation… »

Nous avons là un admirable résumé — sans aucune lacune — de la tactique qui, le 21 mars, va se révéler, se confirmera en Flandre en avril, sur le Chemin des Dames en mai, pour échouer en partie sur les collines de l’Oise en juin et presque totalement en juillet, la parade ayant alors été trouvée, sur le front de Champagne.

Qu’elle dût nous surprendre, rien de plus compréhensible.

Depuis trois ans, la guerre de siège avait paru abolir le facteur surprise et rendre par ailleurs en partie inefficace le facteur manœuvre : les travaux préalables qu’exige la préparation d’une attaque à grand renfort de matériel sur un front bastionné où elle se devait déclencher, signalaient à l’adversaire la région où il devait porter ses réserves et, si ces travaux