Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/819

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le plan était d’attaquer au point le plus faible de l’ennemi avec le maximum de force. Ce maximum de force, un Ludendorff ne le demande pas seulement à de gros effectifs et à un matériel magnifique ; il le demande surtout à la surprise. Et il faut bien s’arrêter à cette tactique puisque, seule, elle explique les événements qui marquent la première phase de la bataille, et fait très bien comprendre de quelle façon, pénétrée par nos chefs et la parade trouvée, elle échouera finalement. Pour la faire connaître, le mieux est de s’en rapporter à celui-là même qui, après trois mois d’expérience, en aura précisément trouvé la parade.

« La méthode d’attaque allemande, écrira, le 16 juin, le général Foch à ses lieutenants, est caractérisée par la surprise, la violence, la rapidité de l’exécution, la manœuvre, la profondeur de la pénétration cherchée.

I. — La surprise est obtenue par la brièveté de la préparation d’artillerie (3 à 4 heures) et par la mise en place, au dernier moment, des unités d’attaque, les marches d’approche de ces unités étant effectuées de nuit et par voie de terre.

Jusqu’à la nuit qui précède l’attaque, rien n’est donc changé à l’apparence habituelle du front ; le calme y règne ; les unités en ligne sont les mêmes.

L’attaque a toujours lieu au point du jour, l’infanterie étant précédée d’un barrage comprenant une forte proportion d’obus fumigènes ; par l’effet d’un nuage ainsi produit, nos fantassins et même nos artilleurs n’aperçoivent l’ennemi que quand il est à quelques mètres d’eux.

II. — La violence est réalisée par l’intensité du bombardement, tous les calibres et toutes les espèces d’obus étant employés simultanément sur une profondeur de 4 à 5 kilomètres, et par l’attaque en masse de l’infanterie qui, pendant la préparation d’artillerie, se rassemble à 2 ou 300 mètres des premières lignes à enlever.

Dès qu’elle a enlevé la première position, elle s’échelonne en profondeur, se détend, les unités de tête se portent au plus vite sur les objectifs successifs qui leur ont été désignés, n’ayant à se préoccuper ni de la protection de leurs flancs, ni du nettoyage de leurs arrières qui sont assurés par d’autres unités.