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ordres du général Pellé, commandant le 5e corps, tandis qu’un état-major d’armée, — celui de la 3e année (Humbertl), — et un état-major de groupe d’armées (Fayolle), placés hors du front, étaient prêts à prendre la direction d’une bataille française sur l’Oise. Le général Debeney, commandant la 1re armée à Toul, avait été prévenu qu’il aurait éventuellement à abandonner son secteur en d’autres mains, et des services rapides de trans- ports étaient prêts à fonctionner, destinés à porter aux points utiles les divisions enlevées, suivant les hypothèses d’attaque envisagées, sur tel ou tel point du front de l’Est. C’est ainsi qu’en quelques heures, on allait voir apparaître sur la ligne de bataille les casques bleus de France et, que, en quelques jours, vingt divisions françaises viendraient, de Noyon à Amiens, relever ou remplacer nos Alliés épuisés. La seule surprise fut qu’il fallût intervenir si vite et dans des conditions si désavantageuses.

Pétain s’était, dès les premières heures, entendu avec Douglas Haig sur l’opportunité d’une intervention précipitée, — fùt-elle de fortune. Les trois divisions de Pelle étaient jetées vers la région Noyon-Chauny, tandis que la 125e, gauche de la 6e armée française, était avisée qu’elle se devait tenir prête à renforcer le 5e corps britannique, droite de Gough, avant que celui-ci ne fût complètement hors de combat. Le général Humbert, sur la laconique dépêche : « Réalisez hypothèse A, » allait porter son Quartier Général à Montdidier et prendre en main le commandement des forces françaises.

Les ordres avaient été expédiés le 21, au soir. Pellé, arrivant à Noyon, le 22, y trouvait la situation si empirée qu’elle exigeait l’intervention, dans la journée même, des troupes françaises. La 123e division, qui était à pied-d’œuvre, était poussée vers Chauny et, le 23, les trois divisions de Pellé débarquant, quelque peu démunies de leur artillerie, se jetaient courageusement entre le canal Crozat, franchi par les Allemands, et les bois de Prières, de Genlis et de l’Hôpital. Les troupes, lancées à la hâte dans une mêlée assez confuse, pouvaient retarder l’inondation, non l’endiguer. Le 23, au soir, elles se ballaient du Sud de Tergnier au Nord de Guiscard, mais avec le seul dessein d’enrayer pour quelques heures les progrès de l’ennemi. Humbert, en prenant le commandement, donnait l’ordre de tenir à tout prix. On précipitait, cependant, d’autres divisions