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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/839

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Nul n’avait oublié avec quel mélange d’énergie, d’ingéniosité, de clairvoyance et de cordialité le général Foch avait, dans la bataille des Flandres de 1914, su jouer entre les armées française, anglaise et belge ce rôle de coordinateur.

A deux heures de l’après-midi, — heure solennelle dans L’histoire de cette guerre, — MM. Clemenceau et Milner, au nom de leurs gouvernements respectifs, et du cordial consentement des deux généraux en chef, signaient l’ordre suivant : « Le général Foch est chargé par les gouvernements britannique et français, de coordonner l’action des armées alliées sur le front ouest. Il s’entendra à cet effet avec les généraux en chef qui sont invités à lui fournir tous les renseignements nécessaires. »

Ce n’était encore qu’une mission bien limitée et mal précisée. Elle ne vaudrait que par l’activité que son titulaire déploierait à la remplir, que par la façon dont, à défaut d’une autorité mal définie, il imposerait son action. Jamais il ne fut plus vrai de dire que l’homme ferait la fonction. Mais c’était parce qu’on connaissait l’homme, qu’on pouvait dès cette heure attendre beaucoup de ce qui n’était encore qu’un compromis avec la nécessité.

Nous aurons à revenir sur la manière dont Foch, — l’affaire actuelle liquidée, — concevra la bataille dont elle n’est que le prélude tragique. Mais son rôle va prendre immédiatement un tel relief et, par la suite, sa personnalité être si constamment au premier plan des événements, — disons mieux, — elle va à ce point devenir l’âme des événements, qu’il faut bien s’arrêter ici, même en plein drame, pour dire ce qu’était l’homme et parlant quelle portée donnait à son entrée en scène cette puissante et si originale personnalité.


IX. — FOCH

Un Ferdinand Foch n’était point de ceux que la guerre avait révélés. Bien avant qu’elle éclatât, il était, tout au moins dans les milieux militaires, revêtu d’un légitime prestige. En matière d’art stratégique, l’ancien professeur d’histoire militaire, de stratégie et de tactique appliquée, l’ancien commandant de l’École de guerre, l’auteur des deux célèbres traités De la conduite de la guerre, des Principes de la guerre était, par tous