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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/851

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Le premier choc est terrible. De Mesnil-Saint-Georges (Sud-Ouest de Montdidier) à Hangest, l’ennemi semble d’abord tout emporter ; mais sur toute la ligne nos soldats reprennent ce qui a été perdu. Au Nord, à la vérité, les Allemands occupent Guillaucourt, descendent dans les bois de la valide de la Luce, repoussent les éléments anglas occupant Cayeux, semblent menacer la gauche du groupement Mesple. Et cependant notre ligne est maintenue sur la rive droite de l’Avre.

Et pendant cette journée, les renforts arrivent. Debeney voit vraiment se constituer une armée. Il en dirige sur Moreuil de solides éléments : il a raison, car, le 29, l’Allemand attaque sur ce point. Nous sommes assaillis devant Mézières, les Anglais à Demuin ; Moreuil est menacé, nôtre ligne reportée à l’Avre de ce côté, mais à droite c’est nous qui attaquons sur Framicourt et Courtemanche et, en fin de journée, nous tenons bon. Le moral de la troupe s’en ressentait. Quel souvenir je garde de cet après-midi du Vendredi saint, 29 ! Courant à Amiens, c’était avec une angoisse que dissipait peu à peu te spectacle des troupes allant à la bataille. Dans cette affreuse mêlée, le moral était, du haut en bas, excellent. Le matin, j’avais entendu le général Fayolle dire joyeusement à Mangin, accourant avec son corps d’armée : « Vous voilà ! Eh bien ! nous chanterons donc, après cette terrible semaine sainte, l’Alléluia dans la cathédrale d’Amiens, le jour de Pâques ! »

Pour cela, il fallait que la journée de samedi se passât sans accrocs graves. Or, ce jour-là, 30, ce fut un dernier assaut, terrible et général : le front Humbert, le front Debeney furent également assaillis, caf, semblant donner raison à qui attribuait à l’ennemi le dessein de s’ouvrir les routes de Paris, celui-ci, laissant la bataille s’affaisser au Nord de la Somme, transférait tout son effort sur les deux branches de l’équerre dont le sommet était maintenant au Sud de Montdidier. Sur le front Humbert, c’était contre le Plémont et ses alentours (notamment Plessis de Roye), contre le massif de Boulogne-la-Grasse, contre les positrons au Sud de Montdidier et sur celui de Debeney, de Mesnil-Saint-Georges à Aulvillers, de furieuses attaques. On tint bon : le Plémont brava tous les assauts. (« Ce Plémont de sinistre mémoire — Berüchtigte Berg — contre lequel est venu se briser — zerschellen — l’élan du 30 mars, » devait écrire, quelques semaines après, le général commandant