Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/857

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Et ensuite tenir ferme. C’est maintenant ! » Et ses deux mains plongèrent énergiquement vers le sol en un geste qui eût arrêté l’Univers. « Et enfin — ce sera pour plus tard — ça ! » Et, ses bras de nouveau ouverts, il rapprocha les poings pour étreindre l’ennemi aventuré. J’ai conté alors le propos. Aujourd’hui, il semble forgé, tant ce devait être « ça ! » un jour, — un peu plus lointain que peut-être on ne le pensait alors.

Déjà, en effet, se confirmant tous les jours davantage dans ses projets de contre-offensive, le grand chef songeait à passer en quelques jours à l’exécution. Haig, sur son ordre, s’abouchait avec Fayolle, afin que fût promptement montée, au sud et à l’Est d’Amiens, la commune offensive de la 1re armée française et de la 5e armée britannique passée aux ordres de l’habile général Rawlinson. Le 8, avril, à Breteuil, cette offensive était décidée et réglée. En revenant de Breteuil, le maréchal Haig apprenait que son front de Flandre avait été attaqué, défoncé, et tout était remis en question.


LOUIS MADELIN.