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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/9

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L’ÉGLISE LIBRE
DANS L’EUROPE LIBRE

I
LES PRÉLUDES DES LIBERTÉS NOUVELLES

L’AUTRICHE ET ROME


Elle aussi, la vieille Église, elle bénéficiera de la libération de l’Europe. Les Empires écroulés pesaient sur elle d’un poids très lourd. Ils se donnaient l’air, parfois, de vouloir la protéger ; mais leurs gestes enveloppants lui présentaient des chaînes, et leurs avances expiraient en menaces. Ils eussent aimé qu’elle les aidât à sceller d’autres servitudes, et qu’elle consentît tout d’abord à la sienne. Ayant inhumé, vivante, la catholique Pologne, ils montaient bonne garde, de génération en génération, pour qu’aucun soubresaut de vie ne disjoignit les pierres du sépulcre ; et leurs diplomates fronçaient le sourcil lorsqu’ils voyaient la Papauté pleurer sur la Pologne, se rappelant que devant la tombe de Lazare quelques larmes, jadis, avaient vaincu la mort. C’est pour l’Eglise une consigne divine d’aller et d’enseigner toutes les nations ; mais lorsqu’elle voulait, conformément à cet ordre, s’en aller vers des millions d’âmes slaves, et les enseigner, son chemin s’encombrait d’obstacles, avoués ou déguisés, dont les uns s’opposaient à ses méthodes d’apostolat, et les autres à sa mission même d’apôtre. De ces omnipotences gênantes, il reste aujourd’hui des décombres. On les déblaie : au delà, les routes sont ouvertes ; et les