Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/940

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les petits obstacles naturels ou artificiels qu’elles rencontrent, il s’en est suivi que si la zone du combat était un désert apparent, c’était un désert fort bruyant, où toutes les détonations des armes à feu au départ, des projectiles explosifs à l’arrivée, des mines, etc., marquaient à grand fracas leur meurtrière existence.

C’est ainsi qu’on a été amené à repérer, — comme je l’ai expliqué, — les canons invisibles au moyen du son. Mais à cette application de l’acoustique à la tactique, — qui fut, je crois, la première en date dans cette guerre, — ne s’est pas bornée l’utilisation, pour des fins militaires, des phénomènes sonores.

En dehors des bouches à feu situées au niveau même du sol ou à peu près, on a eu à repérer aussi des engins dont les uns se trouvaient très au-dessous de ce niveau, les autres au-dessus. Parmi les premiers, on peut citer sur terre les mines et tous les travaux qui s’y rattachent, et en mer les sous-marins. Il est clair qu’ici plus encore peut-être que pour les canons placés au sol, qui peuvent, en dépit de toutes les précautions, être repérés parfois visuellement, les ondes sonores offrent à peu près le seul espoir d’investigation. Dans le cas des sous-marins, la mer, — qui est comme on sait complètement opaque sous une épaisseur de quelques mètres, — la terre, dans le cas des mines terrestres, défilent en effet naturellement et masquent à la vue, en tout état de cause, les engins en question.

C’est ainsi que sont nés et se sont perfectionnés depuis quatre ans les curieux procédés de l’écoute souterraine et de l’écoute sous-marine.

« Frappe, mais écoute, » disait le héros antique. On pourrait, semble-t-il, paraphraser ce mot à l’usage des combattants de la dernière guerre — ce qui ne veut pas dire, hélas ! la dernière des guerres. — Il semble bien que la technique du combat moderne ou du moins sa caractéristique la plus nouvelle puisse se résumer aujourd’hui ainsi : « Ecoute pour mieux frapper, et pour ne pas être rappé. »

Voyons d’abord, ou plutôt esquissons, ce qui a été fait dans le domaine sous-marin. On sait que la recherche des submersibles en plongée a paru un moment un problème insoluble. Finalement, grâce à la science et à la ténacité des savants alliés, d’ingénieuses solutions ont fini par lui être trouvées qui ont grandement contribué à la faillite de la guerre sous-marine allemande, c’est-à-dire à la victoire elle-même.

Parmi les solutions sur lesquelles le voile a été légèrement soulevé, l’une des plus intéressantes est celle qu’a réalisée l’ingénieur