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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/941

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américain Elias Ries. Cet inventeur avait construit dès avant la guerre des appareils acoustiques qui, placés sur les ponts des navires, étaient destinés à les renseigner, même en temps de brouillard épais, sur la présence d’autres navires ou d’icebergs dans le voisinage. L’appareil détecteur de sous-marins d’Elias Ries est construit sur le même principe. Il consiste à placera la proue du navire qui porte l’appareil une tringle mobile et orientable dans tous les sens, et qui porte l’instrument d’écoute. Celui-ci consiste en un tube creux portant à chaque extrémité un mégaphone, c’est-à-dire un téléphone très sensible. Les deux mégaphones peuvent être orientés de manière à être parallèles ou au contraire de manière que leurs directions convergent vers un point éloigné comme les deux lunettes d’un télémètre. Autrement dit, et si j’ose employer cette image, l’ensemble de l’appareil peut se déplacer dans tous les sens par rapport à la proue du navire de même que la tête d’un cheval peut se déplacer par rapport à son corps, et les deux mégaphones peuvent se déplacer par rapport à l’appareil de même que les oreilles du cheval peuvent se déplacer par rapport à sa tête.

Au milieu du tube portant les deux mégaphones et entre eux (au milieu du front du cheval, pour poursuivre ma comparaison) se trouve un projecteur de sons, une sorte de phare acoustique qui envoie dans l’eau des sons produits par un mécanisme simple, par une sorte de sirène. Quand ces ondes sonores ont une direction telle qu’elles soient réfléchies normalement par un obstacle sous-marin, elles reviennent dans leur direction de départ et sont reçues par les deux mégaphones qui les transmettent à un opérateur acoustique ou à un appareil enregistreur placé à l’intérieur du navire. Il est clair d’ailleurs que le son réfléchi sera à son maximum d’intensité lorsque les deux mégaphones convergeront vers le point d’où il est réfléchi ; en effet, à ce moment les mégaphones offriront la plus grande surface possible à ce son dont la direction leur sera exactement perpendiculaire.

Le problème consiste donc d’abord à déplacer par tâtonnement l’appareil jusqu’à ce que les sons émis par lui soient réfléchis et reçus aux mégaphones. L’opérateur déplacera à cet effet l’appareil dans tous les sens, de même qu’on déplace en tous sens un projecteur dans la recherche nocturne des avions. Puis lorsqu’on reçoit un son réfléchi, c’est-à-dire lorsque l’ensemble de l’appareil est tourné dans la direction d’un obstacle sous-marin, on déplace les mégaphones seuls jusqu’à ce que l’intensité du son reçu soit maxima. On a alors la direction de l’obstacle sous-marin et aussi sa distance, qui