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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/943

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D’autres détecteurs de sons sous-marins ont été mis au point par les autorités américaines, qui avaient attelé à ce problème quelques-uns de leurs physiciens les plus éminents et notamment les professeurs Coolidge et Langmuir. Un certain secret a été gardé jusqu’ici sur ces dispositifs. Ce qu’on en peut dire, c’est qu’ils ont donné des résultats remarquables, soit qu’on arrête périodiquement les machines du navire qui les porte de façon à éviter les sons parasites et gênants, soit que, dans le même dessein, le détecteur soit remorqué à une certaine distance du navire au moyen d’un câble qui, en même temps, en transmet électriquement les indications.

Les appareils américains permettent dans les conditions les plus favorables de repérer acoustiquement sous l’eau jusqu’à une distance dépassant 15 milles. Pratiquement et en moyenne leur rayon d’action est d’environ 5 milles. Jusqu’à cette distance, on arrive si bien à identifier et à différencier les ondes de diverses natures et de diverses origines, qu’on est parvenu même par ce moyen à reconnaître par leur nom certains navires qui avaient été préalablement étudiés à cet égard. C’est ainsi que dans des expériences de nuit faites à Boston en septembre et octobre 1917 on est arrivé à reconnaître parfaitement par ce procédé les différents navires entrant dans le port.

Les détecteurs américains ont été adaptés même à certains sous-marins ; et on cite le cas de submersibles américains poursuivant et suivant de près un sous-marin allemand immergé pendant de longues heures et des centaines de milles, simplement au moyen des écouteurs dont le premier était muni.

Dans la lutte courtoise, dans la noble émulation qui a mis aux prises les savants et marins alliés à la recherche de procédés efficaces contre les sous-marins ennemis, ceux de France ne sont pas restés inférieurs à leurs camarades anglo-saxons. En particulier, des résultats excellents pour nous et fort dommageables à l’ennemi ont été obtenus au moyen de l’appareil d’écoute sous-marine, de l’hydrophone — comme dit clairement et simplement un heureux néologisme — inventé par le capitaine de corvette Walser, de la marine française. — Son principe est nettement différent de celui des appareils américains et non moins ingénieux. Je le résumerai rapidement d’après la description qu’en a donnée M. Émile Vedel.

La propriété utilisée dans l’appareil Walser est la réfraction que subissent les ondes sonores en passant d’un milieu dans un autre, par exemple de l’eau dans l’air, et qui est analogue à la réfraction lumineuse qui fait paraître brisé un bâton à moitié plongé dans l’eau.