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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/959

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dures du Traité qui vont à l’encontre des engagements pris au nom des gouvernements alliés lors de la conclusion de l’armistice. » La presse « travailliste » avait insisté ; cette campagne vigoureuse, elle l’avait faite : « Le devoir du Parti parlementaire est clair, avait-elle dit. D’un bout à l’autre de l’Europe, les démocraties condamnent unanimement le Traité de Versailles. La paix future du monde dépend de la révision complète de cet arrangement par les démocraties elles-mêmes. (Démocraties est pris ici pour « classes ouvrières, » qui est pris pour « un certain nombre d’ouvriers socialistes et syndicalistes : » c’est l’habituelle confusion de langage du Parti). Aujourd’hui, un geste de solidarité avec le prolétariat européen est impérieusement demandé. Et le geste le plus efficace en même temps que le plus dramatique pour le Parti travailliste, sera d’élever sa protestation, de proclamer sa foi, puis de quitter la Chambre, laissant aux impérialistes le soin d’approuver la paix impérialiste. »

M. Barnes, ministre sans portefeuille, a répondu aux reproches adressés, dans la Chambre des Communes, aux Puissances alliées et associées d’avoir eu la main trop lourde au chapitre des indemnités, en laissant entrevoir la possibilité de réduire ces exigences d’accord avec les Allemands eux-mêmes et « en proportion de la bonne volonté que l’Allemagne montrerait dans la bonne exécution du Traité… Si l’Allemagne continue à faire preuve du même bon esprit qui apparaît dans les discours de ses hommes d’État en ce moment, un arrangement serait possible, ainsi que son admission rapide dans la famille heureuse de la Ligue des Nations. » M. Barnes, à la vérité, est « travailliste, » mais il est ministre, et il a été l’un des représentants et plénipotentiaires de Sa Majesté le Roi du Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande à la Conférence de Paris : « le Très Honorable George Nicoll Barnes, M. P., Ministre sans portefeuille. » On était donc fondé à en conclure : « L’opinion officielle anglaise considère les demandes d’indemnités et de réparations inscrites actuellement au Traité comme un maximum susceptible de réduction ; » d’autant plus que tous les orateurs, à l’envi, ont fait entrevoir des modifications, des atténuations futures, et que « ceux qui parlaient au nom du gouvernement n’ont pas été les derniers à le faire. »

La consécration n’a pas tardé. On a rendu public, ou, pour être précis, le Gouvernement britannique a fait distribuer aux membres du Parlement le texte anglais de la déclaration signée par MM. Wilson, Clemenceau et Lloyd George, le 16 juin, c’est-à-dire le jour même où les Puissances alliées et associées ont fait remettre à