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Il commençait néanmoins à résister. Les troupes italiennes de la 10e armée avaient dû emporter Sissonne de haute lutte. Mangin donnait au 18e corps l’ordre de pousser en direction d’Autremencourt (Sud de Marle) ; les autres corps se tenaient prêts à exploiter le succès. Mais la résistance s’intensifiait encore le 15. Chery-Pouilly et Remies n’étaient enlevés qu’après un violent combat. Les 18e et 16e corps furent chargés d’emporter le front Moulin-de-Verneuil-Ancien Moulin ; ils manœuvreraient pour faire tomber la résistance des inabordables marais situés au Nord-Ouest du Sissonne. Ils attaquèrent le 19 entre la Serre et les marais et ne parvinrent point à briser la défense.

Il fallait que la 1re armée agit. Le 18, la droite de l’armée poussait l’ennemi entre Serre et Oise et atteignait la ligne Surfontaine-Renansart-Catillon, ce qui était menacer nettement, par derrière, la ligne de la Serre. Mais l’ennemi entendait bien défendre son flanc : le 19, Ribémont et Lucy enlevés, Debeney était arrêté devant la ligne Villers-le-Sec Catillon du Temple, couvrant les défenses Hunding. Ce jour-là, la 10e armée était également arrêtée sur la ligne Verneuil-sur Serre-Missy-Notre-Dame de Liesse. La gauche de la 5e armée (Guillaumat), de son côté, ayant, malgré la résistance de l’ennemi, fait quelques progrès vers le Nord, s’organisait sur les positions au Sud de Chateau-Porcien ; elle envoya des reconnaissances vers la Hunding Stelling ; elles se heurtèrent partout à une formidable ligne de mitrailleuses. L’armée stoppa les 17 et 18. Le 19, elle attaqua à 10 heures.

Après une courte préparation, la 3e division coloniale assaillait les premières positions de la Hunding (à l’Ouest de Château-Porcien), entre Herpy et la Cote 145. Malgré les feux nourris de mitrailleuses, l’attaque progressa jusqu’au contact immédiat de la position. L’ennemi fut refoulé à 600 mètres à l’Ouest de Herpies et on lui prit près de 500 prisonniers. On enleva, d’autre part, plus à l’Ouest, Bethancourt, la Selve. Par- tout on atteignait les réseaux de la Hunding. Et pendant trois jours, on se contenta de tâter partout la position.

En somme, on était tout prêt à l’assaillir. Debeney, Mangin, Guillaumat l’enserraient étroitement. Ils reconstituaient et organisaient leurs forces en vue d’une bataille de la Serre.

Leurs opérations étaient par ailleurs liées, par la droite, à la bataille fort difficile que livraient Gouraud et les Américains