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entre Rethel et la Meuse où la résistance de l’ennemi se faisait plus âpre encore.


J’ai dit que, là, celui-ci défendait tout simplement sa peau. Car si le mouvement en direction de Mézières et Sedan, en voie de se réaliser, réussissait décidément, c’était pour les armées allemandes, tenant encore tant bien que mal entre Valenciennes et Château-Porcien, la menace d’un effroyable désastre.

La 4e armée française et les armées américaines avaient trop sensiblement éprouvé l’acharnement de cette résistance pour qu’avant toutes choses, elles ne tinssent pas à assurer leur liaison. Elle se devait faire par le passage de Grandpré : le 10, le col était largement débordé à l’Ouest par Gouraud ; mais la 1re armée américaine, à l’Est, était à peine parvenue à sa hauteur sans l’avoir pu conquérir.

Tout en cherchant par sa gauche à franchir l’Aisne dans la région de Rethel, Gouraud entendait, le 14, appuyer l’action de nos alliés sur l’indispensable passage. Le 38e corps fut poussé vers le Nord de l’Aisne entre Olizy et les Termes, s’empara d’Olizy, de Mouron et, après un rude combat, des Termes, le soir du 14. De ce fait, Grandpré était serré de fort près à l’Ouest.

L’armée américaine, de son côté, avait, ce 14, fait un grand effort. Il lui fallait, pour déborder le passage, pénétrer dans ce que le général Pershing appelle « la formidable ligne de Kriemhilde. Poussant dans la vallée de l’Aire, les soldats de limiter Liggett emportèrent Saint-Juvin et abordèrent la Kriemhilde Stellung sans timidité. Cependant, le 1er corps de cette armée, jeté su ChampigneuIle (au Nord-Ouest de Grandpré), enlevait le village. Grandpré, débordé maintenant des deux parts, tombait et, vers le soir, les deux armées établissaient leur liaison par le col enfin nettoyé.

Libéré de toute préoccupation de ce côté, Gouraud remit sa gauche en marche. Le 15, le 4e corps s’emparait de Nanteuil sur-Aisne (entre Rethel et Château-Porcien) et, le 16, il attaquait Acy Romance, sans succès. Mais le 18. l’armée franchissait par surprise l’Aisne sur un front de 5 kilomètres, de part et d’autre de Vouziers, et prenait pied sur les hauteurs de la