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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/108

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Longwy-Luxembourg, d’une part, en direction générale de la Sarre d’autre part. » Le général en chef des armées françaises est invité à créer des disponibilités pour l’exécution de cette attaque dont nous verrons sous peu se grouper les moyens, s’élaborer les plans et se préparer le déclenchement. Ce sera ce « coup de massue » dont parlait, dans sa Conduite de la Guerre, le lieutenant-colonel Foch.

Pétain, pour l’heure, tout en préparant avec Castelnau ce « coup de massue, » organise sa présente bataille. Il transmet à ses deux autres lieutenants, Fayolle et Maistre, la directive du 19. Elle confirme trop exactement les ordres donnés par lui le 11, pour qu’il y ait lieu, lui semble-t-il, de la commenter longuement. Mais il ajoute, à l’adresse de Fayolle, que la 10e armée (Mangin) sera relevée, remplacée sur le front de la Serre par la 3e armée (Humbert), alors en réserve. La relève sera tenue rigoureusement secrète, car cette armée Mangin est celle dont, comme toujours, on entend faire « la massue ; » c’est elle qui, avec la 8e (Gérard), attaquera à l’Est de Metz sous le commandement supérieur de Castelnau, et il faut que la surprise soit un des atouts principaux de ce grand jeu.

Un Foch ne se contente jamais d’indiquer purement et simplement de grandes lignes. Si un coin du champ de bataille le préoccupe, il ne saurait s’en cacher. Or, dans la manœuvre qui va, d’un coup décisif, faire écrouler la puissance allemande, il n’y a guère qu’une partie des armées d’assaut qui lui donne quelque souci. Les Américains ont été sans cesse arrêtés : on ne saurait méconnaître, aussi bien, l’effort accompli par cette armée depuis le 12. Elle a perdu par le feu du 20 septembre au 20 octobre, 54 158 hommes en combattant « sur un terrain particulièrement difficile et en présence d’une sérieuse résistance de l’ennemi. » Il est certain qu’il faut que les armées opérant de Rethel à la Meuse adoptent une tactique nouvelle. « Les troupes lancées à l’attaque ne doivent connaître qu’une direction d’attaque ; elles opèrent non sur des lignes indiquées a priori, d’après le terrain, mais contre un ennemi qu’elles ne lâchent plus, une fois qu’elles l’ont saisi. » Et ces principes, où la tactique de Foch se formule après sa stratégie, valent pour toutes les armées. Nous savons maintenant non plus seulement où vont les seize armées jetées à l’assaut, mais suivant quel mode elles s’y vont ruer.