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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/135

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ces deux examens. A plusieurs reprises, le Parlement refusa. Et les raisons du Parlement ne sont pas sans valeur : le diplôme est un examen intérieur, qui se passe sans le contrôle d’un public ; les examinateurs sont, à deux exceptions près, les professeurs même de la candidate. Excellente garantie contre les surprises de l’examen et les préparations factices contre ce qu’on appelle le bachotage. Mais ce caractère familial du diplôme, s’il le rend inoffensif, ce qui est déjà quelque chose pour un examen, n’est-il pas exclusif d’un autre caractère, essentiel celui-là, le caractère « probatoire ? » En fait, tout se passe honnêtement ; mais il pourrait en être autrement. Parlez-nous du jury départemental et des épreuves publiques du brevet supérieur. Ce qui était une objection plus grave, le diplôme étant inaccessible aux élèves de l’enseignement libre, toute sanction qui lui serait donnée prendrait des airs de privilège et de concession faite aux partisans du monopole. Toute question d’enseignement se complique chez nous de la question de la liberté d’enseignement. Et tous les problèmes pendants aujourd’hui seraient plus faciles à résoudre si la loi de 1880 n’avait pas ignoré l’enseignement libre. On obtint à grand’peine de quelques administrations qu’elles voulussent bien, par égard pour l’enseignement secondaire des jeunes filles et pour le genre de culture qu’il comporte, admettre, en ce qui les concerne, une équivalence du diplôme et du brevet. Mais c’étaient là faveurs de détail. On désespérait d’obtenir l’équivalence légale et totale, et, avec elle, le droit pour une ancienne élève de lycée d’être institutrice dans la plus modeste école, publique ou privée.

Alors on vit préparer les brevets dans les lycées et collèges, et l’enseignement secondaire fit ainsi concurrence à l’enseignement primaire. Car tout le monde ne pouvait décidément se contenter du grade honorifique qu’était le diplôme. Cette coexistence de deux disciplines et cette préparation simultanée à deux examens dans les mêmes établissements causèrent à ces établissements bien des troubles de croissance, et empêchèrent l’enseignement secondaire des jeunes filles d’être tout à fait lui-même. Le mal était moindre toutefois que celui qui devait lui succéder. Il arrive ainsi qu’une maladie, qui en supprime une autre, la fasse regretter. Car les brevets se faisaient humbles dans l’enseignement secondaire. Ils introduisaient, encore une fois, par les programmes et par la nature