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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/140

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Elle avait le double mérite, comme il a été dit dans les discussions qui s’ouvrirent, de « conserver et de réserver. » Elle devait être appliquée immédiatement, presque comme un remède. Du moment que les choses traînèrent, que la procédure se compliqua, il était évident qu’elle ne suffisait plus, au moins sous la forme modeste où elle se présentait. Le conseil supérieur de l’Instruction publique la vota à une belle majorité. Mais, avant même que ce vote fut émis (21 décembre 1916), c’était un autre ministre qui était rue de Grenelle, M. Viviani. Une vigoureuse campagne d’opposition avait été menée. M. Viviani estima, ainsi qu’il le dit lui-même, que la question n’étant pas seulement universitaire, mais morale et sociale, comme beaucoup de questions universitaires d’ailleurs, relevait non du seul Conseil supérieur, mais du Parlement. Après l’avis du Conseil supérieur, une commission extra-parlementaire devait être instituée, et les conclusions de cette commission devaient être soumises elles-mêmes au Parlement. De telle sorte que l’histoire dure encore.


Cette commission ouvrit ses séances le 8 janvier 1917. Elle les termina le 11 mai 1918. C’est dire que la tâche ne fut pas aisée. Le vice-président de cette commission, présidant en l’absence du ministre, était un grand parlementaire et un vieil universitaire, M. Ch. Dupuy, ancien président du conseil. Cette commission était pour les jeunes filles ce qu’avait été pour les garçons la commission présidée par M. Ribot, et dont les conclusions fournirent les éléments de la réforme de 1902. On reprochait au projet de l’administration de créer un privilège supplémentaire pour les lycées et collèges de jeunes filles, en instituant une sorte de baccalauréat à leur usage exclusif. Baccalauréat au rabais, ajoutait-on : cela était manifestement inexact ; il n’y avait aucun doute que le diplôme avec mention serait d’un niveau supérieur au niveau moyen du baccalauréat. : Mais le reproche de privilège subsistait. Et, par surcroit, ce privilège serait une duperie. Car l’enseignement libre se prévaudrait de présenter ses élèves au baccalauréat véritable, celui des garçons, dont l’enseignement public féminin n’aurait qu’une contrefaçon.

On reprochait encore au même projet de pousser au baccalauréat