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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/160

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superflu au nécessaire, comme une récompense et comme une fleur.

Ces idées, encore une fois, sont plus chères à la génération présente qu’à celle d’hier : nous parlons de la génération des parents, qui a fait l’expérience de leur abandon. On les concilie, tant bien que mal, avec d’autres exigences qui ne semblent guère cadrer avec elles. Et on ne se contente pas de discourir sur l’éminente dignité de la vie ménagère. Des essais de réalisation se font de côté et d’autre, si la méthode scolaire n’a pas encore trouvé une forme définitive. Le mouvement n’est pas propre d’ailleurs à notre pays. Dans l’un de ces pays scandinaves qui ne sont jamais en retard, quand il s’agit d’organisation pratique, en Suède, une école normale au moins forme des maîtresses qui répandent dans tous les autres établissements les connaissances nécessaires aux occupations multiples dont dépend l’autonomie de chaque foyer et le goût de ces occupations, des « maîtresses d’économie domestique. »

Mais cette large part faite à une éducation spéciale aux femmes suffit à orienter leur éducation tout entière. Elle limite le temps qui reste libre pour d’autres études, limitation comparable à celle que subit, pour des raisons de même nature, le travail des femmes adultes. On ne peut en effet raisonnablement demander que les femmes apprennent tout ce qu’apprennent les hommes, plus ce qu’elles apprennent en propre, de telle façon que ce soient les hommes qui aient une éducation inférieure et incomplète. La durée des heures de classe et la quantité d’effort exigible sont en réalité peu extensibles. On ne peut donner à une discipline, sans prendre à une autre, sous peine de créer une surcharge, qu’une réaction suivra. Décider, comme l’a fait la commission extra-parlementaire, que les enseignements féminins ne seront plus traités en parents pauvres dans les lycées de jeunes filles, ni conservés à l’état de souvenirs et de symboles, survivance d’une autre civilisation, mais qu’ils seront largement servis, et qu’ils seront obligatoires, c’est décider, au delà même de ce qu’on paraît décider, du caractère même de toute l’éducation des jeunes filles. C’est ce qui fait la portée, nous l’avons laissé pressentir, de ces arides questions de programmes et d’horaires. Elles ont, outre leur sens apparent, un sens plus profond ; une simple répartition d’heures et d’exercices signifie une hiérarchie entre