Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

calcul habituellement adopté pour n’avoir pas à faire intervenir les teneurs très variables que peuvent présenter les sels vendus. D’autres estimations arrivent même à 2 milliards de tonnes.

J’ai dit que les minerais de Mulhouse et ceux de Stassfurt diffèrent par leur constitution chimique. Cette différence est à l’avantage de Mulhouse, où l’on peut économiser en partie les traitements coûteux et compliqués auxquels les sels de Stassfurt doivent être soumis. Les couches de Mulhouse, composées de bandes alternativement grises et rouges, sont constituées principalement par un mélange des deux chlorures potassique et sodique (sylvine et sel gemme). Les bandes rouges, teintées par de l’oxyde de fer, contiennent surtout le sel de potassium et les grises le sel de sodium. La teneur en chlorure de potassium varie le plus souvent, dans la couche utile, de 20 à 68 pour 100 et y descend rarement au-dessous de 10 pour 100. Les minerais sont très purs et ne contiennent que des quantités insignifiantes de sels magnésiens : ce qui permet de les employer directement en agriculture et simplifie beaucoup leur raffinage chimique, presque élémentaire, si on le compare au traitement que doivent subir les « carnallites » de Stassfurt.

L’industrie potassique de Mulhouse est, je l’ai dit, récente et a été paralysée par les restrictions que lui imposait le syndicat allemand. À la suite du premier forage heureux exécuté à Wittelsheim en 1904, nous avons vu que l’on avait créé un premier siège d’extraction à la mine Amélie de Wittelsheim. Ce puits, profond de 600 mètres, a demandé deux ans de travail et une dépense de 2 500 000 francs. On a dû y employer les procédés de congélation pour traverser les zones aquifères. Il a été terminé et a commencé à expédier les premiers wagons de potasse alsaciens en janvier 1910. En 1912, cette mine occupait 200 hommes et produisait 300 tonnes de sel potassique par jour. On a installé ensuite 14 autres puits semblables et d’égale capacité, puits très modernes avec des moteurs électriques actionnés par une centrale thermique. Quand la guerre a éclaté, on calculait que les 15 puits alsaciens auraient pu facilement extraire 1 500 000 tonnes de sels bruts par an, à raison de 100 000 tonnes par puits : soit 350 à 400 000 tonnes de potasse pure ; mais le syndicat allemand les avait limités à 80 000 tonnes de potasse, ce qui correspondait au dixième de la production allemande, équilibrée sur la consommation mondiale.