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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/190

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Le pays que nous appelons aujourd’hui l’Alsace, est occupé par une saillie granitique continue associant les Vosges à la Forêt Noire. Il n’existe pas de vallée du Rhin.

C’est alors que, brusquement, de profondes et larges crevasses rectilignes, de véritables effondrements Nord-Sud, à peu près parallèles, s’ouvrent presque simultanément dans le Plateau Central et dans les Vosges. D’un côté se creusent les vallées du Cher, de l’Allier et de la Loire ; de l’autre, la vaste dépression, dans laquelle coule aujourd’hui le Rhin. Alors, dans ce sillon rhénan, la mer pénètre et l’arrivée précaire de ces eaux marines, leur évaporation dans le Sud, dans le Nord leur conflit avec des eaux douces, provoquent deux phénomènes à peu près contemporains, dont les effets sont pour nous bien distincts, mais que réunit pourtant une connexité intime. À Mulhouse, un lambeau de mer isolé, emprisonné, sans affluents suffisants et sans issue, s’évaporant sous un ciel torride, donne la potasse. À Pechelbronn, en Haute-Alsace, dans la zone de conflit entre la mer et les fleuves, des organismes s’accumulent, concentrés sous un bain de saumure et subissent ce mode de décomposition spécial qui produit les huiles minérales.

La conséquence pratique, pour la potasse, c’est le dépôt des sels potassiques en une sorte de gâteau aplati, de large disque elliptique pouvant occuper 25 kilomètres de long sur 12 ou 13 de large, avec une épaisseur utile d’environ 5 mètres : gâteau englobé dans 2 ou 300 mètres de sel gemme et bientôt enfoui sous d’autres terrains stériles, en sorte que nous le rencontrons aujourd’hui entre 400 et 600 mètres de profondeur. Au centre, le disque se renfle ; sur les bords, il s’amincit et s’atrophie.

D’une façon plus précise, il existe, au Nord-Est de Mulhouse, une aire comprise entre Metenheim au Nord et Reiningen au Sud ; entre Sennheim à l’Ouest et Sausheim à l’Est, dans laquelle on trouve deux couches de potasse séparées par environ 20 mètres de stérile : la couche supérieure épaisse de 1 m. 15, la couche inférieure de 4 m. 15. On a évalué la couche supérieure à 98 millions de mètres cubes, répartis sur 84 kilomètres carrés et la couche inférieure à 603 sur 172 kilomètres carrés : ce qui, en chiffres ronds, donne (la densité étant de 2,1) : 1 500 millions de tonnes de sels de potasse, ou 300 millions de tonnes comptées en potasse pure, suivant le mode de