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théoriciens rêvent, pendant ce temps, la parfaite et définitive unification.

Les faits de guerre aideront ainsi à passer une période transitoire, à la suite de laquelle les courants nouveaux auront eu le temps de s’établir et, si la France ne manque pas trop de houille, l’industrie alsacienne pourra garder tout son développement, avec une partie de son ancienne clientèle, assurant ainsi à notre pays tous les bénéfices de fabrication, de transformation et de commerce qui allaient auparavant en Allemagne. Il ne faut pas oublier enfin qu’une partie de cette clientèle était déjà française. Quelques-uns des produits qui figuraient sur nos statistiques comme importés d’Allemagne, venaient, en réalité, d’Alsace-Lorraine.

Cette industrie textile alsacienne comprend deux compartiments distincts : d’abord le coton, de beaucoup le plus important, avec toutes les catégories d’usines correspondantes : filature et retorderie, tissage, blanchiment, teinture, apprêts et impression ; puis la laine, représentée surtout par quelques filatures et tissages.

Dans la partie cotonnière, la statistique nous montre 1 900 000 broches de filature (contre 7 570 000 en France), 46 000 métiers mécaniques à tisser (contre 140 552 chez nous) et 160 machines à imprimer (alors que nous en avions seulement 130). En teinture et blanchiment, la production quotidienne peut être estimée à 1500 pièces longues, et cette quantité est à peu près égale à la nôtre.

On remarquera l’importance toute particulière des machines à imprimer et de la teinture. Pour toute cette industrie, la France se trouve largement en mesure de développer son commerce d’exportation, notamment vers nos colonies, vers nos Dominions, comme a su si bien le faire l’Angleterre. C’est un fret tout indiqué, en échange des matières premières que nous devrons prendre de plus en plus dans notre empire colonial si riche et encore si mal utilisé.

Pour la laine, l’Alsace possédait, avant la guerre, 568 000 broches de laine peignée. Cette industrie, qui ne fait pas le fil fin, n’entrera pas en concurrence avec le Nord et augmentera d’environ un quart l’ancienne filature française, en lui assurant le premier rang dans le monde, même avant l’Angleterre. Il y a de plus, en Alsace, 10 000 métiers à tisser