Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

8, à donner son dernier effort : l’obstacle abattu, les éléments ennemis battaient précipitamment en retraite ; ils abandonnaient, dit le journal de la 1re armée, « un matériel considérable. » Rien n’excitait plus le soldat que le spectacle de cette fuite en panique. On était aux trousses de l’Allemand. L’armée faisait ce jour-là jusqu’à 16 kilomètres, occupant Fourmies, Moudres, puis Ilirson, Saint-Michel et atteignant à Anor la frontière belge. Le 10, la ligne fut portée à 8 kilomètres en avant. On continuait à recueillir des prisonniers, des déserteurs par grandes bandes, enlevant des milliers de traînards, sabrant les troupes retardées, raflant un gros matériel : en gare d’Anor notamment, d’immenses magasins avaient été saisis : la déroute allemande s’affirmait ; on ramassait des trains entiers.

Comme sur le front Debeney, l’ennemi était, le 9 au matin, devant les armées britanniques en pleine retraite. Ce jour-là, de bonne heure, la division de la Garde et la 62e division entraient à Maubeuge. On poussait vers Mons ; on atteignait les faubourgs. Le 10 au soir, les armées de Haig, en pleine forme, étaient parvenues, à travers forêts et marécages, au front Moustier-en-Fage (Est de la forêt de Trélon), Sivry-Est de Maubeuge-Blagneries-Quesmes (Sud-Ouest de Mons).

Plus au Nord, l’énorme poche, qui se creusait encore, le 8 au soir, entre la région de Mons et l’Escaut, dans le cercle en mouvement, était réduite, les 9 et 10, sur une profondeur de 30 kilomètres par la double action de la 5e armée britannique et du groupe des Flandres, et le front porté à Tertre-Tongres-abords d’Ath-Ellezelle-Segelhem et Nederzwalm.

Toutes les armées des Flandres étaient maintenant en marche. Les Belges, bordant le canal de Gand à Terneuzen, avaient enlevé la gare de Gand. Les Français, progressant, malgré une très vive résistance, au delà de l’Escaut, avaient occupé Melden et Meersch. Degoutte avait, le 9, précipité le mouvement. Si, le 10, les Belges s’arrêtaient devant un front fortement défendu, les Français passaient outre. Ils refoulèrent l’ennemi jusqu’au front lisière Est de Nederzavelm-Hermelzen-boucle de Saint-Denis-lisières Est de Segelsem, tandis qu’à leur gauche, les unités américaines du groupe franchissaient l’Escaut à l’Est d’Heuvel, et qu’à leur droite, les soldats de Plumer le traversaient sur tout le front, atteignant Renaix et Leuze. Ceux-ci étaient sortis du « groupe, » mais marchant en liaison avec