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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/360

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nécessaire pour préparer l’action victorieuse qui suivrait.

Leurs grands chefs, Rawlinson, Horne, Byng, Plumer et, au premier rang, sir Douglas Haig étaient d’ailleurs arrivés à la conception juste de la situation militaire que, sans la méconnaître avant mars 1918, ils n’avaient fait qu’entrevoir. Un particularisme assez jaloux et comme scrupuleux, qui n’était d’ailleurs nullement exclusif d’entente cordiale et de courtois accord, les faisait se cantonner volontiers sur leur champ de bataille en nous laissant le nôtre, survivance du « splendide isolement. » Les journées de mars et d’avril, amenant l’interpénétration au profit même de nos alliés, les convainquirent non seulement de sa possibilité, mais de sa nécessité. La loyauté britannique devait s’incliner là-devant. Et dès lors, « l’entente » se transformant en « fusion » devait assurer la victoire.

Le concours américain ne devait pas moins la hâter. Quand, le 12 juin 1917, John Pershing avait débarqué avec quelques régiments, nul n’eût pu penser qu’avant un an, une armée d’un demi-million d’hommes serait prête à concourir à une action victorieuse. C’est cependant ce qui devait arriver. Intensifiant ses envois, la République amie avait transformé promptement un appui moral en un concours national important. La question avait été de savoir si ces divisions pourraient, avant l’été de 1918, présenter assez d’entraînement pour qu’elles fussent autre chose que des troupes immobilisées en des secteurs tranquilles. La magnifique force combative qui, sans étonner ceux qui avaient vécu de la vie américaine, se révéla à la face du monde dès le printemps de 1918, la préparation intensive qui, de cette force naturelle, travaillait à faire une force ordonnée, faisaient au contraire de ces vingt et bientôt trente divisions américaines un appoint à tous égards précieux, à l’heure où les effectifs de la Coalition s’éclaircissaient et se raréfiaient. Avec une grande simplicité, en gens résolus à remplir un formel engagement envers leur conscience autant qu’envers leurs alliances, ces jeunes hommes entrèrent dans la lice avec autant de fougue que de confiance. On se rappelle la démarche de Pershing au lendemain des journées de mars : elle paraissait un beau geste de solidarité ; elle était bien plus : un engagement sérieusement pris et qui allait être tenu.

A la fin de la bataille défensive on vit, de la Picardie à la