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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/391

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un lieutenant, un sous-lieutenant de la Garde de Paris, détenus à Montaigu par ordre de Clarke depuis le 24 octobre, attendirent jusqu’au 16 juillet que le ministre de la Guerre soumit leur cas à l’Empereur qui prononça leur mise en liberté.

Clarke n’avait point trouvé que les mesures prises à l’égard des militaires fussent suffisantes. Ajournées le 21 décembre, les sanctions qu’il proposait à l’Empereur et au Conseil privé contre le 1er bataillon du Régiment de Paris, et de la 10e Cohorte, furent présentées de nouveau le 26 décembre et furent examinées dans le Conseil du 28. Clarke estimait que le Conseil des ministres avait eu tort d’ajourner jusqu’au retour de l’Empereur, la proposition qu’il avait faite le 28 octobre, de « dégrader en présence de la Garde Impériale et de la garnison de Paris, les officiers et sous-officiers qui avaient obéi aux ordres Mes conspirateurs, de les faire conduire par la gendarmerie à des bataillons coloniaux, ou de pionniers, et de prononcer le licenciement du 1er bataillon de la Garde de Paris. » « Je vis dès lors avec regret, dit-il, que ce délai retardât un coup d’autorité qui eût trouvé alors les esprits tout préparés à l’impression qu’il devait produire. » Il prétendait justifier les mesures impitoyables qu’il avait préconisées, par une théorie dont on n’eût point eu de peine à montrer les périls. « L’obéissance passive prescrite par la discipline ne doit jamais, disait-il, servir aux militaires de prétexte ni d’excuse à l’infraction de leurs serments. Ils sont individuellement responsables à l’Etat de l’emploi de la force qu’il leur confie, et à cet égard, existe, devant les lois, entre les officiers et les soldats, une solidarité pénale dans laquelle le gouvernement et la nation trouvent leur commune sécurité. » Le duc de Feltre eût été fort embarrassé de montrer quand la force armée « essentiellement obéissante » doit commencer à raisonner et à désobéir, mais pour le moment il se plaisait d’autant plus dans ce paradoxe, qu’il avait acquis la certitude que, en soumettant ces mesures au Conseil, « il n’avait fait que prévenir les intentions de Sa Majesté. » A présent, les circonstances se sont modifiées, et avec elles, les mesures qu’il propose : le 1er bataillon de la Garde de Paris est parti pour Mayence, où il est arrivé le 15 décembre ; la 10e Cohorte est en route pour Brème où elle arrivera le 7 janvier. Il ne reste à Paris que le 2e bataillon dont les compagnies ont marché sur des ordres régulièrement