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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/394

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Sur ce rapport remis au Conseil privé le 28 décembre, l’Empereur prononça le 9 janvier 1813, le renvoi de Boutreux et de Caamano devant la Commission militaire formée par arrêté du 23 octobre. Les interrogatoires subis les 19, 20, 23 janvier par Boutreux et Caamano, ne laissèrent aucun doute sur l’ineptie de celui-ci et la complicité de celui-là. Aussi, le 29 janvier, la commission militaire, à l’unanimité, acquitta et déchargea Joseph Marie-Fernandez de Caamano de l’accusation portée contre lui, et condamna à l’unanimité le nommé Alexandre-André Boutreux a la peine de mort et à la confiscation de ses biens, en réparation du crime de complicité avec l’ex-général Malet. Le 30 janvier, à deux heures du matin, Boutreux, extrait de la maison militaire de l’Abbaye, fut conduit sous escorte suffisante au lieu dit la plaine de Grenelle, commune de Vaugirard. Arrivé sur le terrain, il a entendu lecture du jugement en présence des troupes de la garnison de Paris et de M. Dunepart, maire de la commune de Vaugirard, et il a été mis à mort à deux heures quarante-cinq minutes de relevée par un piquet du corps des Vétérans, commandés à cet effet. Le cadavre a été enlevé par les soins du maire et transporté au cimetière de Vaugirard. Caamano, quoique acquitté, fut gardé comme prisonnier d’Etat ; mis en liberté par la Restauration, il reprit la suite de ses messes à Saint-Gervais, et les disait encore vingt ans après.


Mise en liberté en octobre 1813, Mme Malet avait gardé des relations avec les anciens commensaux de son mari, MM. de Polignac. Lorsque, devant l’invasion étrangère, l’ordre fut donné de transférer dans l’Ouest et dans le Midi, les prisonniers d’Etat, M. de Polignac prétendit se soustraire à cette mesure et rejoindre le comte d’Artois qui avait passé la frontière de France à la suite de l’ennemi. Ce fut Mme Malet « qui s’offrit pour faciliter son évasion, ce fut elle qui lui fit tenir prête une voiture de poste et qui assura sa fuite en Angleterre [1]. » A la Restauration, elle adressa à Louis XVIII une pétition rédigée par Rousselin et ainsi conçue : « Sire, la veuve du général Malet, mort pour l’humanité et la liberté, sollicite de Votre Majesté la pension qu’elle accorde aux veuves

  1. Observateur des Tribunaux, loc. cit., p. 187.