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des généraux morts au champ d’honneur. » Présentée par M. de Polignac, cette pétition valut à la veuve de Malet une pension de 3 000 francs sur l’Etat [1], une indemnité de pareille somme, une pension de 1 200 francs sur la liste civile ; un capital de 10 000 francs (en une inscription de rente) pour l’arriéré depuis 1807 [2]. Elle eût voulu 6 000 francs de pension comme les femmes des généraux de division ; elle eût voulu la continuation de cette pension viagère pour la veuve et pour le fils ; elle eût voulu pour son fils « la croix du grade de la Légion d’honneur qu’avait son père au moment où il a succombé pour la cause de l’humanité. » Aristide Malet ne fut pas à la vérité commandant de la Légion d’honneur : mais il fut chevau-léger de la Garde du Roi (2e lieutenant), et par suite en 1815, lors de la dissolution de la maison rouge, lieutenant. — Il avait alors dix-sept ans, étant né le 1er janvier 1798. Devenu le 25 avril 1840, chef d’escadrons au 9e chasseurs, il fut retraité dans ce grade en 1852.

Le docteur Guillié fut nommé par la Restauration médecin des sourds-muets pour « les services qu’il avait rendus à la cause du roi » et son ami l’abbé Lafon qui avait été décoré des premiers, de la Légion d’honneur, publia, d’accord avec Mme Malet, cette Histoire de la conspiration du général Malet dans laquelle se trouve affirmé le royalisme du général, et qui par là a fort gêné ses apologistes républicains.

A l’exemple de Mme Malet, les veuves des autres condamnés, — même divorcées depuis huit ans, comme Mme Guidal, — obtinrent à la Restauration des pensions réglées d’après le tarif appliqué aux veuves d’officiers tués à l’ennemi. Des faveurs spéciales furent accordées aux orphelins. Ce qui est remarquable, c’est que, lorsque le 26 mars 1815, on présenta à l’Empereur le tableau des pensions accordées à ces veuves de l’affaire Malet, il annota : « J’approuve toutes ces pensions, il n’y faut rien changer. »

  1. La pension de 3 000 francs fut octroyée à Mme Debalans, veuve Malet (Denise), née le 28 décembre 1768 à Nancé Jura), comme veuve d’un maréchal de camp. Le fils, Aristide, hérita de la pension de 1 200 franc » sur la liste civile. « Fils du général de division. »
  2. Elle obtint un ordre au Ministre de la Police « à l’effet de lui remettre toutes les pièces saisies dans son domicile et sur la personne de son mari, ainsi que les procédures qui avaient été faites en 1808, à l’occasion de la conjuration sénatoriale, et en 1812, lorsqu’éclata la deuxième conspiration.