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il les affaiblira davantage. Je vous le garantis : vous et vos enfants, vous resterez Français. — Alors, me dit-elle, nous pouvons passer un quatrième hiver. » Nos populations si chrétiennes ne sentiront vraiment leur renaissance que le jour où elles verront leur clocher. En résumé, monsieur, la situation, encore sombre, commence pourtant à s’éclairer. Notre peuple n’a point dégénéré de son ancienne endurance. Il appartient à l’État, puisqu’il en a assumé la charge, de l’aider et de respecter ses intérêts spirituels au moins autant que les autres. »

Il est évident que la vie s’est reformée et reprend chaque jour sous ses aspects les plus différents et quelquefois les plus opposés. Sur la vitalité magnifique de ce pays du Nord, je n’ai pas entendu une seule voix discordante. Un des chefs du parti socialiste, le directeur du Cri du Nord, M. Wellhoff, s’exprime comme Mgr Charost et presque dans les mêmes termes ; mais il est plus optimiste en ce qui concerne la rapidité du relèvement, « si toutefois, dit-il, les ouvriers sont enfin admis à prendre leurs responsabilités dans la gestion des usines et si l’inintelligence des patrons, qui se croient encore les maîtres et qui ne le sont plus, ne nous amène pas la révolution. » Mgr Charost, dans sa tournée épiscopale, s’est félicité du nombre de ses fidèles. Le maire socialiste de Roubaix se félicite de compter, même dans les villes et les bourgs dévastés, un nombre d’adhérents à son parti égal à celui de 1914, « et, me dit-il, en janvier il sera supérieur. » Mgr Charost loue le patriotisme de ses prêtres, qui sont retournés les premiers au milieu des ruines. Le recteur de l’Académie, M. Lyon, dont nos lecteurs se rappellent le témoignage éloquent et précis sur les souffrances de Lille, loue le patriotisme de ses professeurs et de ses institutrices, qui sollicitent la faveur de revenir dans des cités démolies où ils ne savent même pas comment ils se logeront. Mgr Charost annonce la réouverture des établissements d’instruction de son diocèse ; M. Lyon aussi. Mais, il faut bien le reconnaître, les établissements religieux seront prêts avant les autres, et ce ne sera la faute ni de M. Lyon, ni de ses inspecteurs, ni de ses proviseurs, ni de ses principaux qui s’y emploient ardemment. L’initiative privée a ses coudées franches ; elle est indépendante et active. Tout ce qui dépend des pouvoirs publics est frappé d’ataxie locomotrice. Le Réveil du Nord, journal socialiste, accuse le préfet de favoriser l’enseignement