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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/70

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et Mondovi : « Soldats, vous n’avez rien fait, puisqu’il vous reste à faire. » Plus la bataille prend d’envergure et plus il importe qu’elle n’hésite, ne se ralentisse, à plus forte raison, ne s’arrête sur aucun des points. La directive du 3 septembre n’est point entièrement réalisée ; il faut qu’elle le soit, car déjà le Maréchal médite, ces résultats obtenus, les termes d’une nouvelle directive, celle qui sortira le 10 octobre et qui embrassera de nouveau le champ de bataille entièrement rénové. « Les résultats obtenus en Champagne après huit jours de combat sont inférieurs à ceux qu’il était permis d’escompter » Il entend que l’attaque soit reprise par le Commandement avec plus de vigueur. En général, il veut que la bataille soit partout « commandée, poussée. » « C’est en donnant en plein avec ensemble, au jour favorable, que nous ménageons les troupes et obtenons économiquement de grands résultats. » Et, définissant le rôle du Haut Commandement, il caractérise sa propre action en la dictant aux autres : « Animer, entraîner, veiller, surveiller reste avant tout sa première tâche. »

Un Pétain est fait pour l’entendre. Jamais cette âme si forte, cet esprit si clair ne se sont mieux manifestés. Ce jour-là même, le général en chef des armées françaises adresse à ses commandants de groupe la note si ferme où il les excite à presser la bataille : « Chacun doit regarder au delà de sa propre situation et se convaincre qu’aucun effort ne serait fait en pure perte, même s’il n’est pas immédiatement couronné de succès. Dans une grande bataille comme celle qui est actuellement engagée, la victoire est au plus tenace ; il faut se pénétrer soi-même de cette conviction et la faire partager à ses subordonnés. »

A chacun de ses lieutenants, Pétain explique nettement et largement la mission dont il est investi : « En ce qui concerne le G. A. C. (groupe Maistre), les actions de force doivent être appliquées d’abord sur le front Nord-Ouest de la 4e armée, de Liry à Saint-Soupplet, en direction générale de Machault-Rethel, pour rompre d’abord le dispositif ennemi et permettre ensuite l’exploitation rapide soit vers Attigny, soit vers Rethel et Warmeriville... On s’efforcera, dans tous les cas, de devancer au passage de l’Aisne les éléments ennemis engagés dans la région de Reims et, à l’Est, de tendre la main, dans la mesure du possible, à la 1re armée américaine, sans se laisser arrêter par le retard éventuel qu’elle pourrait subir. » Pour compléter